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Paoli Pasquale: les querelles intestines (1755-1765)
Dernière mise à jour de cette page le 31/03/2016
Cantons concernés : Bastia , Bustanicu , Corti , Orezza Alisgani , Venacu , Vezzani , Zicavu
Les ennemis de Pasquale Paoli ne cessent de se multiplier sur l’île. Mario Emmanuele Matra ne cesse de s’agiter. Ce n’est pas dans les habitudes des Matra de se laisser gouverner par des « paysans ». Ne reculant devant rien pour parvenir à ses fins, Matra réclame de l’aide à Gênes, qui ne se fait pas prier pour lui en donner. Au cours de l’hiver 1757, Matra marche sur Paoli avec une solide armée. Pris au piège dans le couvent de Bozio, Paoli est acculé avec une soixantaine d’hommes fidèles à sa cause. Matra tient la victoire à portée de main. Mais c’était sans compter sur la détermination de Clemente Paoli, le propre frère de l’assiégé. Au terme d’un gros effort, dans la neige et dans le froid, l’aîné des Paoli tombe à revers sur les assiégeants du couvent. Matra est tué le 28 mars 1757.
La disparition de Matra assoit de manière tout à fait confortable la position de Paoli. Mais décidément, sur cette île, rien n’est simple lorsqu’il s’agit de stabiliser le pouvoir. Un autre rival va se dresser devant le Général : Giacomo Pietro Abbatucci. Ce dernier est issu d’un clan puissant de Zicavo, dans le sud de l’île. Abbatucci est médecin et surtout, il est réputé pour entretenir de solides relations avec quelques puissances étrangères, dont Venise. Abbatucci n’est pas un « vilain », comme Paoli. Il connaît peu la Corse, pour l’avoir quitté au cours de son enfance. Mais Abbatucci est suffisamment corse pour connaître la puissance d’une famille. Et la sienne appartient à un clan particulièrement puissant sur l’île. Sans doute se sent-il assez fort pour renverser Pasquale Paoli. De plus, et contrairement à Matra, Abbatucci est un homme brillant, cultivé et raffiné (il écrit de la poésie). Aux yeux de tous, lui-seul peut rivaliser avec le charisme du jeune Paoli.
Paoli et Abbatucci cohabitent plusieurs années sur l’île. En 1763, Pasquale Paoli fait enfermer son dangereux rival dans ses appartements à Corte. L’idée du jeune chef d’Etat est écarter un agitateur pour le moins gênant, le temps de signer un traité secret avec un certain Chevalier de Valcroissant, un espion désireux de rapprocherla Corse et la France. L’incarcération d’Abbatucci fait du bruit. Partout on réclame sa libération. Des pétitions circulent. Mais Paoli n’écoute pas ces voix qui s’élèvent. Son prisonnier est toutefois traité avec les honneurs de son rang. En mai 1764, Paoli relâche enfin Abbatucci, non sans s’assurer que ce dernier quitte la Corse dans les dix jours, et ce pour une durée de trois ans. Il n’en sera rien. La poudre doit encore parler, et elle parle ! Au début de l’année 1765, Pasquale obtient enfin la reddition totale de son ennemi. Cette fois, celui qui est devenu le Babbu, s’assure bien qu’Abbatucci soit exilé en bonne et due forme.
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