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Paoli Pasquale: ses grandes œuvres (1755-1769)

Dernière mise à jour de cette page le 31/03/2016

Cantons concernés : Bastia , Borgu , Castifau-Merusaglia , Corti , Orezza Alisgani

Mots clés : Pasquale Paoli

Nommé Général, Pasquale Paoli est en réalité un chef d’Etat. Durant toute la durée de son généralat, ce dernier n’aura de cesse d’œuvrer en faveur de la reconnaissance de son gouvernement par les puissances étrangères. Pour cela, Paoli travaille sur les concepts clés : une capitale, une monnaie, une imprimerie nationale, une marine et une université. Pour obtenir cette reconnaissance internationale – passage stratégique obligé – Pasquale Paoli multiplie les activités épistolaires. Rapidement, il s’impose un emploi du temps d’un chef d’Etat digne de ce nom.

Le 12 juin 1759, Pasquale écrit au pape Clément XIII. « J’ai cru de mon devoir d’exposer à Votre Sainteté l’état déplorable dans lequel se retrouve tout notre royaume en ce qui concerne les affaires spirituelles » écrit-il, réclamant la visite d’un visiteur apostolique. Clément XIII répond favorablement à cette demande. Il décide d’envoyer sur l’île Mgr Cesare Crescenzio de’Angelis. Ce dernier se prépare à prendre la mer. Apprenant cette nouvelle, les Génois font armer deux galères ayant pour mission de l’intercepter. S’étant faufilé entre les mailles du filet, Mgr de’Angelis débarque à Prunete le 22 avril 1760, soit 10 mois après la demande de Paoli.

Pour Pasquale Paoli, cette visite est avant tout politique. Du moins espère-t-il en tirer un bénéfice politique. La volonté du jeune chef d’Etat est en réalité de faire reconnaître aux puissances étrangères la légitimité de son gouvernement.

Dès 1759, Paoli l’affirme dans ses correspondances : son gouvernement se doit de se doter d’une imprimerie nationale. Cette dernière voit le jour en 1760. Paoli fait appel à Domenico Ascione, un imprimeur napolitain très expérimenté. Ce dernier s’installe au couvent de Campoloro, puis à Cervione. Pour le chef d’Etat, il est donc temps de mettre sur papier des documents indispensables, notamment le journal officiel du gouvernement, les Ragguagli dell’isola di Corsica, dirigé par l’abbé Rostini. Le premier numéro – tiré à cinq cents exemplaires – paraît en septembre 1760. Le gouvernement de Paoli est pauvre. Il manque de papier. Toutefois, le journal officiel connaît une parution régulière pendant presque huit ans. L’imprimerie nationale, qui est une grande réussite malgré de petits moyens, permet à Paoli de conforter son statut de chef d’Etat. Paoli demande notamment à Domenico Ascione d’imprimer le discours de Barbaggi prononcé lors de la visite de Mgr de’Angelis. On décide également d’imprimer des Instructions pour les armateurs du royaume, ainsi que des « lettres de marque » pour les corsaires, même si le gouvernement n’est reconnu par aucune puissance. Francesco Battini remplace ensuite Ascione en 1763, après le décès de ce dernier.

Pasquale Paoli crée également l’université de Corte, au cœur de la capitale. Théodore de Neuhoff avait déjà eu, par le passé, cette même idée. Le projet est très ambitieux, coûteux, mais le jeu en vaut la chandelle. Le 3 janvier 1765, l’université ouvre ses portes. Les professeurs sont peu nombreux. Il y a en six au début de l’année 1765, puis neuf à la fin de la même année, et enfin dix en 1769, année tragique pour le gouvernement. Francesco Antonio Mariani est nommé recteur. Les professeurs recrutés enseignent leur matière en latin, sauf le droit enseigné en italien. Pour Paoli, l’université est aussi un outil politique, une volonté d’ouvrir la Corse sur l’Europe des Lumières. Il veut toucher les sphères intellectuelles et multiplier les échanges et les contacts avec le monde.

Tout État se doit d’avoir sa monnaie, symbole d’indépendance et de souveraineté par excellence. Une fois encore, Paoli marche dans le sillage de Théodore de Neuhoff et de son père Giacinto. Le 24 mai 1761, lors de la cunsulta de Vescovato, il est décidé de frapper monnaie. Pour Paoli, il s’agit d’un cap essentiel. Pour la première fois, les « armes du royaume » apparaissent sur des pièces de monnaie réalisées en cuivre et en argent, i soldi. Un premier atelier est constitué à Murato, puis ce dernier est transféré à Corte. Paoli confie la direction de l’atelier à un cousin par alliance, un neveu de Barbaggi. Frapper monnaie est chose facile – encore faut-il trouver une presse - mais trouver la matière est plus compliqué et surtout très coûteux. « Toutes les églises, paroisses, chapelles qui possédaient plus d’un ostensoir, calice, encensoir et autres ustensiles d’argent, durent fournir une livre de ce métal pour être réduit en monnaie » écrit l’abbé Galletti. Encore une fois, Paoli ne se fait pas que des amis dans le clergé insulaire. Ce dernier se heurte ensuite à une autre difficulté : faire reconnaître l’officialité de sa monnaie sur son propre sol. La chose n’est pas aisée. Les commerçants la refusent, la considérant comme « fausses ». La majorité des Corses rejettent cette monnaie. Ce n’est malheureusement pas une grande réussite.

Suite - Paoli et ses armées

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