Corse secrète

Par Philippe Franchini et Hervé Tardy.

Description de l'ouvrage

Terre de contrastes, entre mer et montagne, pleine de richesses insoupçonnées, c'est cette Corse-là que ce livre vous propose de découvrir au fil de pages mêlant photographies aériennes et cartes postales anciennes. Et c'est ce mélange qui révèle des correspondances aussi subtiles qu'inattendues. La Corse n'a jamais aussi bien porté son nom : l'île de Beauté. D'une extrémité de l'île à l'autre, d'une cime embrumée aux plages dorées d'une anse, d'une vallée à l'autre, d'un village caché à un autre, c'est un survol complet de l'île que vous effectuerez, et vous comprendrez ce qui a fait, au fil du temps, la richesse et l'identité de la Corse. Les textes de Philippe Franchini, les photographies aériennes d'Hervé Tardy et les cartes postales du début du siècle rendent cette île, dont on vante la beauté sauvage, l'orfèvrerie des criques et les plages de sable blanc, à la fois attirante et farouche, séduisante et mystérieuse.

Extrait

Corse intime

Il a été souvent écrit que la Corse était une montagne dans la mer. Il est vrai qu'elle semble surgir d'une Méditerranée réputée d'azur comme pour défier le ciel avec ses pics et ses chaînes et aussi décourager l'étranger qui oserait l'aborder. Pourtant, cette masse de pierre n'est pas une citadelle aux murailles infranchissables et elle présente sur une superficie de 872 000 hectares une extrême variété de paysages, où des rivages abrupts le disputent à des plages au sable d'or, l'âpreté du roc à la splendeur végétale, et le vertige des sommets à la profondeur des vallées. Cette diversité, déterminée ou accentuée par l'exposition au soleil et aux vents, a fait de l'île une mosaïque de régions, où les villages, nids d'intimité collective, sont les centres de petits mondes qui tiennent fièrement à leurs particularités au coeur de ce sanctuaire, dont on a pu dire qu'un Corse n'en partait jamais et ne pouvait que s'en absenter.
La montagne

Aussi impressionnante qu'elle soit, la montagne n'est pas seulement une réalité physique. Véritable réservoir d'humidité et distributrice d'eau, laissant une place restreinte aux basses plaines, elle a non seulement imposé aux Corses une forme particulière d'économie et d'habitat villageois, mais aussi influé sur leur histoire et leur mentalité individuelle et sociale. Par sa couverture végétale, elle a fait de l'île une perle écologique à préserver.
A muntana est pour les Corses le coeur de l'île. À première vue, elle semble composée de reliefs désordonnés. En fait, la longue histoire géologique commencée il y a 4,6 milliards d'années a sculpté deux lignes de crêtes dont les hauteurs de plus de 1 000 mètres occupent près de 20 % de la superficie totale et que sépare un sillon tracé de L'Ile-Rousse à l'ouest à Solenzara à l'est, en passant par Corte, d'où son nom de «sillon cortenais». La première est constituée d'une série de massifs cristallins de roches granitiques et volcaniques, avec des sommets culminant au-dessus de 2 500 mètres, comme le Monte Cinto (2 706 mètres), le Paglia Orba (2 523 mètres), le Monte Rotondo (2 625 mètres). La seconde se compose de schistes et se déploie du cap Corse au Boziu central, à l'est, en passant par la Castagniccia, avec pour point culminant le San Pétrone (1 766 mètres). La pierre, matière première de cette monumentale sculpture, est d'une grande variété et offre une palette colorée, qui va du gris et du rose des granités au vert et au rouge des rhyolites. On trouve aussi cette rareté qu'est la diorite orbiculaire, une roche éruptive qui est l'une des curiosités du village de Santa Lucia di Taddà (Sainte-Lucie-de-Tallano), en Alta Rocca. La diversité est localement accentuée non seulement par les fantaisies sculpturales de la nature, mais aussi par les différences d'exposition des versants au soleil - adret et ubac - très prononcées à cette latitude, et aux vents.