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Les années Tango

Dernière mise à jour de cette page le 02/01/2013

Il fut un temps, pas si ancien, où la Corse dansait. Dans les années 30-40 la folie tango avait aussi touché la Corse grâce à un ambassadeur et non des moindres, Tino Rossi, l’ajaccien. Le jeune Tino Rossi, à la voix claire et veloutée enregistrait alors pour Columbia une série de tangos qui sont une pure merveille. Ce n’est pas le Tino Rossi des chansonnettes, ni celui qui sut par la suite saisir au vol les succès d’outre atlantique pour les interpréter en langue française, ni même le Tino Rossi à la voix de ténor léger qui nous donna de si beaux Ave Maria, ou une si émouvante version des « Pêcheurs de Perles ». Non c’est une voix pure et sensible qui s’approprie le répertoire du tango, alors très florissant en Argentine dans les années 30-40. En effet, c’est, là-bas, la période des grands orchestres parmi lesquels il en est un qui a pour nous des accents familiers, celui du grand Francisco Canaro qui, de 1910 à 1950, en quarante années d’une carrière très prolifique, va donner au tango quelques unes de ses plus belles oeuvres. Qui ne connaît pas le célèbre « poema » en 1935 qui fit le tour du monde et qui, dans sa version interprétée par Roberto Maida n’est pas sans rappeler de manière troublante les accents de notre Tino Rossi.

Ainsi, le tango n’a cessé de voyager entre l’Argentine et l’Europe et notre sensibilité de latins ne pouvait qu’être touchée par lui. Tout le génie de Tino s’exprime alors dans ce répertoire qui n’est pas, aujourd’hui, suffisamment mis en avant. Alors que le tango argentin connaît une renaissance éblouissante en Argentine et que, de nouveau, les européens se passionnent pour lui, à voir les nombreuses associations qui communient autour de cette musique et de cette danse, c’est avec plaisir que l’on redécouvre, chez nous les enregistrements de Tino Rossi qui se prêtent également au tango-bal argentin et ce, juste avant que celui-ci ne prenne en Europe, les accents cadencés et stéréotypés qu’il aura par la suite. En effet, lorsque Tino interprète en 1933 « Vous, qu’avez-vous fait de mon amour », la musique s’étire, sensuellement mise en valeur tout à tour par les différents instruments, laissant aux danseurs une grande liberté d’improvisation propre au tango argentin.

Ainsi, Tino nous offre de belles mélodies un peu sucrées et follement romantiques, selon la loi du genre, avec des textes pas toujours aussi mièvres qu’on aurait pu penser, car souvent empreints de mélancolie, voire de gravité, comme dans « On aime qu’une fois » par exemple. Ce répertoire un peu inégal quant aux textes, reste toujours intéressant musicalement. Il reprend et adapte les standards du tango argentin, et l’on retrouve par ci, par là une ligne mélodique voire le morceau entier comme dans « C’est à Capri » interprété en Argentine par l’orchestre d’Osvaldo Fresedo : « Isla de Capri », en 1933. Mais ce qui compte surtout c’est que l’esprit est le même, dans ces deux cultures et que les sensibilités sont si proches. Et cette culture commune, tellement latine, n’est pas loin de résonner encore à nos oreilles et nous la chérissons, car ces airs là, nos grands parents les ont adorés, les ont chanté et dansé et, sur eux aussi se sont aimés, avant guerre, avant que l’Europe ne s’embrase. Plus tard les chemins divergeront, les styles changeront, en Argentine comme en Europe. Puis, tour à tour déclinant et reprenant son essor, le tango traversera le siècle, malgré les vicissitudes, pour connaître le renouveau plein de vitalité que l’on constate aujourd’hui, alors que, consécration et non des moindres, il vient d’être inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité.

Ouvrages

Sbraggia Constant : Tino Rossi l’ajaccien, 1992
Salas Horacio : Le tango. Poche, Rivages Babel, 2004

Discographie

Tino Rossi : Quelques tangos : titres glanés dans différentes compilations Vous, qu’avez-vous fait de mon amour ? C’est à Capri, Tango de rêve, Sur la route, On aime qu’une fois…
Francisco Canaro: Poema (album), 1935
Osvaldo Fresedo: Vida mia (album), 1933-1938…

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