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Giudice de Cinarca (selon Giovanni della Grossa)
Dernière mise à jour de cette page le 18/07/2013
Cantons concernés : Tallanu Scopamene , Ulmetu
Voici un portrait de Giudice de Cinarca, selon Giovanni della Grossa. Une belle histoire, mais pas tout à fait vraie.
Lire l'histoire de Giudice de Cinarca, par les historiens modernes (en complément au texte de della Grossa).
Qui et comment était-il ?
Giudice de Cinarca est présenté comme le premier des grands seigneurs du Moyen Age corse. Contrairement à d’autres personnages historiques plus anciens, comme Ugo Colonna et Arrigo bel Messer, nous sommes sûrs et certain que Giudice de Cinarca a véritablement existé. On retrouve la trace de ce personnage incontournable dans les actes notariés que l’on trouve à Gênes, mais aussi dans les fameuses chroniques de Giovanni della Grossa.
Giudice de Cinarca se situe donc entre le mythe, et l’histoire, en plein cœur du XIIIème siècle.
Selon la chronique de della Grossa, Giudice de Cinarca serait né en 1213, sous le nom de Simoncello (son vrai nom). Il est le fils cadet du seigneur Goglielmo de Cinarca et de Finidora de Covasina. Le père de Giudice était à la tête d’une seigneurie assez importante, située dans le sud de la Corse, du Valinco à Bonifacio, dont le centre se trouvait à Olmeto, au château de Rocca de Valle.
Toujours selon Giovanni della Grossa, Giudice était un homme de petite taille, avec une peau mate et très poilu. Il n’était pas, ce que l’on peut appeler, un bel homme. Toutefois, il est peint comme un être fort, un peu rustre. On raconte aussi, qu’il aimait beaucoup les femmes, ce qui ne manquera pas de lui jouer des tours dans sa vie. Il est enfin décrie comme un homme vertueux, sage, vaillant et généreux.
Son histoire
Dans sa jeunesse, rejetée, le jeune Giudice s’enfuit tout d’abord dans les montagnes de l’Alta Rocca, près de Quenza, où il se fait remarquer par sa bravoure, ses qualités de combattant et son esprit de justice. Un jour, par exemple, un exécute un de ses hommes, afin de le punir d’avoir commis un crime. Il y a donc une volonté d’exercer la justice.
Un autre jour, il tue à lui seul dix hommes, et forge sa légende. A partir de ce moment, sa réputation fait de lui un homme fort, que les seigneurs Biancolacci tentent d’éliminer, sans réussite. Giudice réunit alors autant de lui, tous les mécontents de la région et reprend le contrôle du château paternel de la Rocca de Valle, puis soumet à son autorité les Biancolacci. Giudice devient alors un grand seigneur, honorant ses fidèles.
Madonna Sibila, une veuve génoise qui vit dans le château d’Istria, propose alors à Giudice un mariage, qui lui permettrait d’asseoir un peu plus sa puissance. Giudice de Cinarca répond, sans méfiance, à l’invitation de cette dernière, et par une traîtrise, est fait prisonnier. Chaque nuit, Madonna Sibila se rend dans la cellule de l’infortuné prisonnier, afin de se moquer de lui. Mais Giudice parvient à se libérer et à s’emparer du château.
Désormais libre, et enhardi par cette triste aventure, Giudice veut se venger et étendre sa domination. Il soumet le Taravo à son autorité et demande à son frère Truffeta de s’y installer et de fonder une famille (la famille d’Ornano). Puis, en 1250, il soumet enfin à son autorité tous les seigneurs de la région.
En 1261, Giudice décide de franchir le col de Saint-Georges et de s’emparer de la seigneurie de Rinieri de Gozzi. Ce dernier étant l’assassin de son père, Giudice le fait tuer. Puis, c’est au tour d’Arrigo et de Guido de Cinarca de se soumettre. La seigneurie de la Cinarca étant maintenant sous l’autorité de Giudice, ce dernier se trouve alors à la tête d’une formidable puissance. A ce moment là, l’idée d’étendre sa domination à toute la Corse fait son chemin.
Il poursuit ainsi sa conquête, passant en Balagne, afin d’écraser les petits seigneurs locaux. Effrayées, les populations décident de se soumettre. Giudice est alors aimé par le peuple. Il assure de ce fait la sécurité et la prospérité de ses sujets.
En 1264, il ne fait aucun doute que Giudice, alors âgé de 51 ans, est le seigneur de toute la Corse. Il exerce une autorité raisonnable, nomme des officiers qui l’aident de sa tâche et impose des impôts dont le prix est fixé selon la richesse des familles. Afin d’asseoir un peu plus sa domination, il marie ses six filles à des seigneurs insulaires.
C’est alors qu’un certain Giovanninello de Loreto se dresse contre lui. Ce dernier s’entoure de fidèles, et de tous ceux qui veulent renverser l’autorité de Giudice. Giovanninello de Loreto est un puissant seigneur, réputé pour son autoritaire. En Balagne, ce dernier et ses compagnons mécontents, s’emparent du château de Vortica, et massacrent les garnisons. C’est le début de la révolte. La Corse se divise dès lors en deux parties distinctes : « la parte di Giudice » au sud, et « la parte di Giovaninello » au nord.
Après bien des années, et bien des batailles, en 1290, Giudice soumet enfin l’Ile d’Or (L’Ile-Rousse) et fait exécuter tous les chefs de la révolte. Son rival Giovanninello s’exile à Gênes, tandis que Giudice offre toutes les terres et les seigneuries à ses fidèles.
C’est alors qu’un événement incroyable va se dérouler, et changer le cours de l’histoire. Alors qu’il se trouve dans une grotte, en compagnie d’une belle veuve qu’il vient de séduire, ce dernier heurte accidentellement, et violemment, le plafond du rocher, et se blesse. La blessure est telle, que le puissant seigneur perd la vue. La nouvelle, comme une trainée de poudre, fait le tour de Corse. Les seigneurs rebelles, désireux de profiter de l’infirmité de Giudice, se révoltent de nouveau, et se regroupent sous le commandement de Goglielmo Cortinco, qui n’est autre que le gendre de Giovanninello. Le nord de la Corse se soulève alors, et la guerre reprend. Enhardis, les révoltés sont rejoints dans leur combat par de nombreux traitres qui, sentant le vent virer, se détourne de Giudice.
Lors d’une embuscade nocturne, au cours de laquelle participe de nombreux traîtres, Giudice est fait prisonnier, puis déporté à Gênes. Là, il est retenu prisonnier dans la prison de Malapaga.
C’est dans ces murs, que Giudice vit alors pendant quatre années, avant de décéder à l’âge de 91 ans, en 1304. La légende raconte que Giudice, alors emprisonné, aurait eu un fils, et ce malgré son âge très avancé. Le rêve d’une seigneurie unique en Corse, s’éteint ainsi, en même temps que cet illustre personnage.
correction
Selon Giovanni della Grossa qui insiste et qui parle d'une région et d'une famille qu'il connaît bien, le père de Simoncello est bien appelé Goglermo di la Rocca (GdlG, La Marge éditions 1998, p. 129), le fils est désigné aussi comme Simoncello di la Rocha (GdlG, p135, p.158) et il faut arrêter de dire que Giudice était de petite taille ! Il est au contraire de haute stature, "bella statura e apparenza" (GdlG, p.133)
Livia, le 21/07/2016
Correction
Lo Reborsier, vous avez tout à fait raison. Un contributeur ayant vu que cet article était obsolète, nous a envoyé un nouvel article tout à fait valable. Nous l'avons donc remplacé, sous le nom de Giudice di Cinarca. Merci pour votre participation
Corsicathèque, le 16/07/2013
Réponse
Bonjour,
nous vous proposons de nous donner quelques éléments pour modifier cet article.
Bien cordialement
Corsicatheque, le 12/07/2013
Della Rocca Sinucello
Article rendu totalement obsolète par les progrès de la recherche historique.
Il n'y a jamais eu de Sinucello "della Rocca" : le personnage était Sinucello alias Giudice de Cinarca.
Lo Reborsier, le 04/07/2013