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Paoli Pasquale, un jeune général (1755)
Dernière mise à jour de cette page le 31/03/2016
Cantons concernés : Bustanicu , Corti , Orezza Alisgani
Mots clés : Pasquale Paoli
Le 16 avril 1755, du pont du navire qui le conduit en Corse, Paoli aperçoit les côtes de la Castagniccia. Il vient d’avoir 30 ans. Sur la plage de Porraggio, les partisans – nombreux et armés dit-on – l’accueillent avec ferveur. Trois mois plus tard, le 15 juillet, la cunsulta suprême générale du Royaume de Corse du couvent de Sant’Antonio de la Casabianca, porte Pasquale Paoli à la tête de la nation : « Nous avons pensé que le moyen le plus acceptable et le plus efficace (...) était l’élection d’un chef, un Général s’occupant de l’économie et de la politique du royaume, possédant des moyens illimités sauf toutefois en ce qui concerne les affaires de l’Etat qui, elles, réclament l’accord des populations ou de leurs députés. Notre vote, à l’unanimité, s’est porté sur le Très Excellent monsieur Pasquale Paoli, l’homme qui en a été jugé le plus digne par tant de vertus et de qualités ». Le jour même, on décide d’inciter les troupes étrangères à la désertion, d’écrire des lois et surtout de condamner à mort les Corses susceptibles d’apporter une aide à l’ennemi, de chasser les traîtres de l’île et de les condamner. De ce fait, Paoli adopte – d’emblée – une position beaucoup plus radicale que celle de son père vingt ans plus tôt. Sans doute est-ce voulu : il y a une réelle volonté de sévérité. Paoli et ses partisans décident ainsi de déclarer « une guerre perpétuelle à la république de Gênes et à toute puissance qui l’assurerait de sa protection ». Pour parvenir à ses fins, Paoli sait qu’il doit s’entourer d’alliés. Là est toute la difficulté : il s’agit de refuser tout protectionnisme étranger, tout en nouant des alliances.
Pasquale Paoli succède ainsi à Gaffori. Il est le premier « chef » à exercer le pouvoir sans le partager. Cela ne veut pas dire que son élection est un triomphe. Le jeune Général sait qu’il a des ennemis. Le 15 juillet, jour de son élection, seules seize pièves sur plus de soixante sont représentées. Le retour de celui que l’on appelle alors « le fils de Giacinto » ne fait pas l’unanimité. Rapidement, des voix s’élèvent. Parmi elles, Tomaso Santucci. Lorsque ce dernier rejoint Mario Emmanuele Matra, on comprend dès lors qu’un front anti-Paoli s’organise sur l’île. Mario Emmanuele n’est autre que le neveu de Francesco Saverio Matra, celui-là même qui refusait – au temps de Giacinto – d’être commandé par des « vilains ». Comme son père jadis, Paoli paie sa naissance modeste. Il n’est pas de noble lignée. Le fait est que Mario Emmanuele Matra est proclamé à son tour, le 10 août, soit seulement trois semaines après l’élection de Paoli. C’est ce que l’on appelle la réponse du berger à la bergère. C’est au couvent d'Alesani que Matra est proclamé « chef », avec l’appui des pièves absentes à Sant’Antonio de la Casabianca. De ce fait, comment discerner la légitimité d’un pouvoir sur un autre ? Rivaux politiques, Paoli et Matra doivent en découdre. Il ne faut pas attendre bien longtemps d’ailleurs pour que parle la poudre. Dès le lendemain de l’élection de Matra, les balles fusent.
Dans l’attente de régler son compte à Matra – voire de trouver un arrangement à l’amiable avec lui – Pasquale Paoli se méfie. Il décide d’établir sa résidence à Corte, dans le centre de la Corse. Il s’agit dans un premier temps d’installer convenablement le gouvernement, et de le stabiliser. En octobre 1755, l’idée de faire de Corte la capitale de la nation fait son chemin. Suspicieux – sans doute à raison – Paoli est prudent. Il craint notamment l’empoisonnement. Il faut attendre le 29 novembre 1755 pour que le nouveau gouvernement soit installé au palazzu naziunale (palais national) à Corte. « Tout le monde est content parce que j’ai fait de nombreuses nominations » écrit alors Paoli. Le Général le sait. Pour stabiliser son pouvoir, il doit faire des concessions, flatter son entourage et honorer ses appuis les plus nécessaires. Dans son entreprise, Paoli a aussi et surtout besoin d’argent, le « nerf de la guerre ». Mais il est confiant. « Notre guerre est juste, nos vues honnêtes, Dieu est dans l’obligation de les faire réussir » écrit-il.
Pour trouver de l’argent, Paoli décide de taxer le clergé insulaire. Les cunsulte du 15 et 17 janvier 1756 confortent ce choix. Décidément, le jeune Général ne se fait pas que des amis.
citation d un livre
justification de la corse francaise du general bonaparte
par CHARLES TUFFELLI
edition autres temps
ouvrage publie avec le concours de la collectivite territoriale de corse
simonpietri, le 13/01/2013