A découvrir au Musée de la Corse « Les Sports en Corse, miroir d’une société, Sport in Corsica, spechju d'una società »

Le Musée de Corte accueille, à partir du 14 juillet au 30 décembre 2012, l’exposition « Les Sports en Corse, miroir d’une société, Sport in Corsica, spechju d'una società », sous le commissariat de deux Maitres de Conférences de l’Université de Corse, Didier REY, Maître de Conférences, HRD à l’UFR Lettres et Sciences Humaines et Sociales et Ludovic MARTEL, Maître de Conférences, à l’UFR Droit, Sciences Sociales et Economiques appartenant au laboratoire UMR CNRS 6420 LISA. Cette exposition se propose de découvrir par le biais du prisme socio-historique l’évolution des pratiques sportives, compétitives ou de loisirs dans l’île.

L’installation des sports en Corse depuis les premiers sportmen originaires de l’Europe du Nord, jusqu’aux continentaux installés ou de passage dans l’île se poursuivra finalement avec les insulaires, devenus désormais acteurs et non plus seulement spectateurs. On assistera alors, surtout depuis les années soixante à une « explosion sportive » autant qu’au « réveil de l’île endormie ». Cet engouement ne sera plus démenti et c’est bien tout le mérite de cette exposition de nous faire découvrir cette histoire méconnue. Rencontre avec Didier REY, spécialiste de la question du Sport en Méditerranée.

Décrivez-nous le fil conducteur de cette exposition ?

L’exposition se propose de questionner l’évolution de la société corse au miroir des sports dans les domaines compétitifs certes, mais également socioéconomiques, politiques et culturels. En réfléchissant sur une longue période (du Second Empire à nos jours), elle permet également de poser des problématiques dans la durée qui pourraient constituer des aides à la décision, comme dans le cas des infrastructures par exemple.

C'est une vision socio-historique des pratiques sportives en Corse que vous donnez à voir ?

Tout à fait, il s’agit bien de revenir sur près d’un siècle et demi d’activités physiques et sportives, compétitives ou de loisirs dans l’île, à partir des regards croisés des deux commissaires, qui sont également des universitaires travaillant sur les sports, un sociologue (Ludovic MARTEL) et un historien (Didier REY).

Quel est le contenu de cette exposition, les pièces maîtresses ?

Plus de 350 pièces seront exposées grâce à la générosité de nombreux prêteurs, privés mais également institutionnels (Archives Départementales d’Ajaccio et de Bastia, Bibliothèque Municipale de Bastia, Cinémathèque de la Corse, Bibliothèque Nationale de France, Musée National du Sport, etc.). Parmi les plus belles pièces figurent un hors-bord ayant appartenu à Roger MARCHESI, une berlinette ayant participé au Tour de Corse automobile 1973, le camp de base de l’expédition de Jean-Paul QUILICI dans l’Himalaya ou encore le ballon du match France-Corse de 1967.

En Corse le sport tient une place de choix, avec un impact fort sur la société ?

L’engouement général du Peuple corse dans toute sa diversité pour les pratiques physiques et sportives est une réalité tangible. À observer, par exemple, la liesse accompagnant la remontée du SC Bastia dans l’élite nationale du football et celle de l’accession du GFCOA en Ligue 2, pour s’en tenir là, on ne peut en douter. Incontestablement, pour en rester au cas du football, le sport offre des éléments d’identifications positifs et de structuration sociale. Mais il faut être prudent car il peut également très vite générer son contraire.

Peut-on dire que le sport a aujourd'hui une légitimité "culturelle", est-il devenu un patrimoine ?

Très souvent, trop souvent encore, le sport n’est pas reconnu comme un élément culturel légitime. Cette question se pose, avec d’autant plus d’acuité, quand le sport s’invite au musée. Il reste d’ailleurs, pour une partie de la communauté scientifique, considéré comme un objet peu « sérieux ». Le sport, les sports plus exactement, participent bien du patrimoine et de la culture d’un peuple et, à travers cette exposition, nous entendons démontrer, si besoin était, cette légitimité culturelle et celle de ses acteurs.

(Source JDC 20/07/2012)