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ITW Antoine Federicci : les debys de l'époque étaient extraordinaires

Dernière mise à jour de cette page le 05/11/2012

Comment êtes-vous arrivé à l’A.C.A. dans les années 30 ?

J’ai signé ma première licence à l’A.C. Ajaccio à l’âge de 17 ans.

Vous jouiez à quel poste ?

J’occupais le poste, difficile à l’époque, de gardien de but.

Vous avez joué combien d’années dans ce club ?

Houla (il réfléchit). Je ne m’en souviens plus… Des années et des années…  J’ai gagné plusieurs fois la coupe de Corse et avec mes coéquipiers, nous avons été champions de Corse à plusieurs reprises.

Qu’est-ce qu’il y avait de différent à l’époque ?

Il y avait un amour du maillot qui est très différent de ce que l’on peut connaître aujourd’hui. Je dirais même, qui n’existe plus aujourd’hui. A l’époque, on jouait surtout pour défendre les couleurs d’un club, pour un maillot. Nous étions fiers. Aujourd’hui, les choses ont bien changé. C’est fini tout ça. Ce n’est plus comme avant. Je peux vous dire qu’on se battait vraiment sur le terrain, pour gagner ! Et il y avait du répondant en face. Aujourd’hui… Je ne sais pas ce qui a pu se passer. Les joueurs sont peut-être trop payés.

Vous parlez de matchs qu’il fallait gagner… Notamment les derbys contre le bistrot ?

Ah oui… Ah oui ! Il valait mieux (enjoué). C’étaient vraiment des matchs extraordinaires ! Je peux vous dire qu’il y avait plus de spectateurs à l’époque pour les derbys entre l’A.C.A. et le bistrot, que maintenant pour des matchs professionnels.

Y-a-t-il un derby qui vous a marqué plus qu’un autre ?

Non. Tous les derbys m’ont marqué. Les matchs étaient tous très intenses. Nous jouions dans des ambiances extraordinaires et les matchs étaient vraiment différents.

Le public était-il plutôt du coté de l’A.C.A. ou du F.C.A. ?

C’était vraiment partagé. Les deux clubs avaient beaucoup de supporters. Mais je dois avouer, que pendant les matchs, on entendait plus les supporters du bistrot. A l’époque, on appelait cette équipe, le « bistrot ». Le gazélec est venu après. Je pense que le bistrot était un peu plus populaire que l’A.C.A.

Avez-vous eu envie, à un moment donné, de quitterla Corsepour jouer dans un grand club sur le continent ?

Oui. J’ai d’ailleurs été demandé plusieurs fois dans ma jeunesse. Mon ami Charles et moi-même étions partis à Valenciennes pour rencontrer les dirigeants du club. Nous étions demandés tous les deux. Nous sommes donc partis ensemble pour voir à quoi ressemblait la ville. Quand nous sommes arrivés à Valenciennes et que nous avons vu le pays, la première fois chose que nous avons fait, c’est de retourner à la gare et de rentrer en Corse. J’ai aussi été demandé par le Red Star et Marseille.

Vous jouiez au Jean-Lluis, qui était le vrai stade de l’A.C.A…

Oui, tout à fait. C’était le stade de l’A.C.A. Notre stade ! Toutes les rencontres se déroulaient là-bas. Le bistrot a ensuite eu un terrain, mais la plupart des rencontres se déroulaient toujours au Jean-Lluis.

L’Ours était l’emblème du club. Vous savez d’où ça vient ?

Bien sûr. Ca remonte au tout début de l’A.C.A., dans les années 10. Ce sont les anciens du club qui ont donné ce nom. A l’époque, il y avait un certain Baretti (Martin). A chaque fois qu’il jouait, le public criait « A l’ours, A l’ours », et avec le temps, c’est resté, et c’est même devenu l’emblème du club.

En 1960 est né le G.F.C.A. Puis pendant quelques années, l’A.C.A. est resté dans l’ombre de ce club qui s’illustrait alors dans le Championnat de France Amateur. Comment avez-vous vécu cette période ?

Ah… heu… (il n’est pas d’accord). Dans l’ombre…  C’est vrai que le G.F.C.A. avait une très belle équipe à cette époque. Mais bon, on était toujours là quand même. On se battait toujours sur le terrain, et il y avait du répondant.

Vous êtes ensuite devenu directeur sportif du club.

J’ai été directeur sportif effectivement, pendant quelques années. Vous savez, c’est moi qui est fait venir de grands joueurs, comme Baratelli, Marius Trésor, ou encore plus récemment Dado Pršo. Il faut dire que j’avais beaucoup de connaissances dans le football. J’étais notamment très proche de l’A.S. Monaco. C’est ainsi que nous avons réussi à faire venir à Ajaccio des joueurs prêtés. Dans les années 90, j’ai donné un coup de main à Michel Moretti. Certains joueurs qui venaient de Monaco, pour jouer à Ajaccio, étaient payés par Monaco. L’A.C.A. avait ainsi des joueurs gratuits.

Que s’est-il passé en 73 ? L’A.C.A. a eu des problèmes financiers et puis après… ce fut la déchéance.

Pffff, vous savez… C’était dur et compliqué. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Ca n’allait pas du tout. Je crois d’ailleurs qu’à cette époque là, vers les années 73-74, rien n’allait d’ailleurs.

On a parlé à une époque d’une possible fusion avec le G.F.C.A., mais ça ne s’est pas fait. Pourquoi ?

Moi, j’étais favorable à cette fusion. Je pensais qu’il fallait la faire, oui. Mais nous étions confrontés à certains dirigeants du G.F.C.A. qui de leur coté, n’étaient pas d’accord du tout. Ils refusaient toute idée de fusion. Nous avions organisé une réunion, chez moi, au Dolce Vita, pour discuter de tout ça. Des dirigeants du G.F.C.A. sont venus. Mais rapidement, nous avons constaté que certaines personnes du Gazélec n’étaient pas d’accord. Donc, nous avons continué notre chemin chacun de notre coté. A mon grand regret. Nous avons failli fusionner à l’époque où nous étions tous les deux amateurs. Lorsque nous sommes montés en première, puis deuxième division, c’était devenu plus compliqué.

Vous avez fait votre retour, de manière officieuse, à l’A.C.A., lorsque Michel Moretti était président, notamment à la fin des années 90 lorsque le club a retrouvé le professionnalisme.

Michel Moretti et Alain Orsoni sont venus me voir chez moi. Ils m’ont parlé d’un projet, et j’ai vu chez eux une vraie volonté de faire revivre le club. Tout est parti de là. Comme je vous le disais, j’avais de grandes connaissances dans le football, et notamment du coté de Monaco, puisque Campora [1] était mon ami. L’A.S. Monaco a ainsi beaucoup aidé l’A.C.A., notamment en prêtant des joueurs et en assurant leur salaire.

Vous avez également permis à quelques joueurs de faire une carrière sur le continent. Ce qui fut le cas d’Albert Vannucci ?

Oui, on avait accueilli les dirigeants de Sochaux. Ils étaient intéressés par Albert Vannucci. J’ai alors donné un coup de main pour qu’Albert puisse partir et voler de ses propres ailes, à Sochaux. Il y avait des gens au club, qui ne voulaient pas que les joueurs quittent l’A.C.A et partent sur le continent. Je n’étais pas d’accord avec eux. Je voulais au contraire que le club évolue, et que nos joueurs évoluent eux-aussi. C’est ainsi qu’Albert Vannucci a signé à Sochaux.

L’A.C.A. a aujourd’hui, cent ans, quelle vision vous portez sur le club et son histoire ?

Je dirai que les choses ont beaucoup changé. Je suis peut-être nostalgique, mais ce n’est plus pareil. Ce n’est pas l’A.C.A. qui a changé, mais le football en général. Mais mon cœur restera toujours rouge et blanc, et à l’A.C.A.

[1] Jean-Louis Campora était le président de l’A.S. Monaco dans les années 90 et début des années 2000.

Extrait de l'ouvrage de Frédéric Bertocchini, Un Seculu in Rossu è Biancu (éditions Albiana).

Voir la carrière d'Antoine Federicci.

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