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Article - Indignati : indigneti vi ! Traduction Ghjuvan Maria Arrighi

Dernière mise à jour de cette page le 02/01/2013

Aujourd’hui, par ces temps de crise et d’austérité, les mouvements d’indignés font écho à l’ « Indignez-vous » de Stéphane Hessel, paru en décembre 2010. Une vague qui touche l’Europe entière puisque ces mouvements sont d’abord apparus en Espagne en mai 2011, alors que celle-ci connaît une crise sans précédent. Ces indignés créent « le buzz » au sein des réseaux sociaux initiés par le mouvement et le site web ¡Democracia Real Ya! (Une vraie démocratie, maintenant). Actuellement, toute l’Europe est concernée par ces vagues de protestation. Une journée mondiale des Indignés a eu lieu alors le 15 octobre 2011. Les révolutions arabes et la crise traversée, notamment par la Grèce, sont un terreau propice au développement et à l’accroissement de ces groupes, souvent proches des idées gauchistes.

In Corsica dinò si canta u lazarone ! La Corse aussi connaît aujourd’hui son mouvement d’indignés. Campant dans les terminaux d’aéroports corses, ces jeunes en CDD embauchés bien souvent pour la saison réclament la conversion de ces contrats en CDI. Ne voulant pas perturber le trafic des passagers, ils sont restés des semaines durant dans ses aéroports pour être, avant tout, vus et entendus.

Dans ce contexte de crise mondiale qui s’est durci, tout au long de l’année 2011, on peut affirmer que celui qui se disait être toujours du côté des dissidents a fait école. En effet l’essai de Stéphane Hessel, ancien ambassadeur de France, co-rédacteur de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme en 1948, résistant, déporté et commandeur de la légion d’honneur est aujourd’hui, encore une fois mis à l’honneur dans sa traduction en langue corse. Ghjuvan Maria Arrighi inaugure pour Colonna éditions avec « Indigneti vi !» décembre 2011), le premier titre d’une nouvelle collection des Indignés, « Cullizzioni di l’Indignati » Nu 1. On imagine alors que cet essai aura une seconde vie « in lingua nustrali ».

Mais, revenons sur le succès inattendu de cet ouvrage court, synthétique qui nous met en phase avec les problématiques actuelles grâce à une recontextualisation historique habile. Fort de ses 94 ans d’existence, Stéphane Hessel dresse le portrait sans complaisance d’une société qui a perdu l’envie de s’indigner alors que les raisons ne manquent pas. Il souligne par là les dérives, empreintes de xénophobie à l’égard des Roms, les médias complaisants, les écarts de richesse. Il démontre que notre société pourtant héritière de l’après-guerre qui a vu naître une volonté de justice, d’égalité et de protection du citoyen réfute un à un son héritage en déboulonnant les « acquis sociaux ».

John Kenneth Galbraith, dans un article saisissant (Mensonges de l’économie, Grasset, 2004), a démontré combien les élites ont toujours cherché à masquer et à justifier la misère en culpabilisant au besoin ses victimes et à rejeter toute politique sérieuse pour l’éradiquer. Les interprétations depuis la Bible, jusqu’aux conceptions malthusiennes et darwinisme social tendent, peu ou prou, à valider la pauvreté comme « une loi de la nature ou de Dieu » ! L’aide publique est soldée comme contre-productive. On entend beaucoup parler des « atteintes à la liberté des plus aisés quand leurs revenus sont diminués par les impôts, mais on n’entend jamais parler de l’extraordinaire augmentation de la liberté des pauvres quand ils ont si peu d’argent à dépenser ! ». En Corse il y a presque 20 % (deux fois la moyenne nationale) de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ! Qui s’en soucie ?

Si, dans ce contexte de crise, le fait de rogner davantage sur les budgets santé, éducation et culture est justifié par les politiques, c’est, selon Stéphane Hessel une aberration dans un monde qui produit de plus en plus de richesses. A mi-chemin entre une conception hégélienne de progrès de l’histoire et une vision sombre et destructrice de cette dernière, portée par Benjamin Walter, l’auteur veut mettre en avant l’espoir, la possibilité de créer une ultime insurrection pacifique. Car, dans une société où « les idéologies » sont annoncées par certains comme « mortes » et où la crise justifie bien des décisions politiques contestables, la non-violence semble être pour l’auteur, la seule voie possible.

Nul doute que l’adaptation en langue corse trouvera son lectorat auprès d’insulaires qui s’élèvent depuis plusieurs mois contre la justice d’exception et dont le mouvement grandit chaque jour. 

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