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Sermon sur la chute de Rome

Dernière mise à jour de cette page le 02/01/2013

Cette oeuvre, publiée aux éditions Actes Sud, permit à Jérôme Ferrari d'obtenir le Prix Goncourt 2012.

Résumé de l'oeuvre.

Empire dérisoire que se sont constitué ceux qui l'ont toujours habité comme ceux qui sont revenus y vivre, un petit village corse se voit ébranlé par les prémices de sa chute à travers quelques personnages qui, au prix de l'aveuglement ou de la corruption de leur âme, ont, dans l'oubli de leur finitude, tout sacrifié à la tyrannique tentation du réel sous toutes ses formes, et qui, assujettis aux appétits de leurs corps ou à leurs rêves indigents de bonheur ou d?héroïsme, souffrent ? ou meurent ? de vouloir croire qu'il n'est qu'un seul monde possible.

Le mot de l'éditeur.

Dans un village corse perché loin de la côte, le bar local est en train de connaître une mutation profonde sous l’impulsion de ses nouveaux gérants. À la surprise générale, ces deux enfants du pays ont tourné le dos à de prometteuses études de philosophie sur le continent pour, fidèles aux enseignements de Leibniz, transformer un modeste débit de boissons en “meilleur des mondes possibles”. Mais c’est bientôt l’enfer en personne qui s’invite au comptoir, réactivant des blessures très anciennes ou conviant à d’irréversibles profanations des êtres assujettis à des rêves indigents de bonheur, et victimes, à leur insu, de la tragique propension de l’âme humaine à se corrompre. Entrant, par-delà les siècles, en résonance avec le sermon par lequel saint Augustin tenta, à Hippone, de consoler ses fidèles de la fragilité des royaumes terrestres, Jérôme Ferrari jette, au fil d’une écriture somptueuse d’exigence, une lumière impitoyable sur la malédiction qui condamne les hommes à voir s’effondrer les mondes qu’ils édifient et à accomplir, ici-bas, leur part d’échec en refondant sans trêve, sur le sang ou les larmes, leurs impossibles mythologies.

« J’IMAGINE QU'ILS VIENNENT DE DÉCOUVRIR DOULOUREUSEMENT que les mondes sont mortels mais ils n’arrivent pas encore à y croire et, pendant l’hiver 410, dans la cathédrale disparue d’Hippone, ils écoutent Augustin, l’évêque qu’ils aiment, le leur confi rmer en une phrase limpide et cruelle : “Le monde est comme un homme : il naît, il grandit et il meurt.” Car, de la chute de Rome il faut d’abord tirer un enseignement sur l’effrayante fugacité des mondes dont l’épée d’Alaric vient alors d’apporter la preuve incontestable et brutale. Rome n’est donc ici que l’un des multiples noms portés par le monde et je voulais poser à mon tour, avec ce roman et dans les termes qui sont ceux du roman, la question : qu’est-ce qu’un monde ? Chaque personnage a le sien, qui le sépare irrémédiablement des autres. Il y a un très vieil homme qui a traversé tout le XXe siècle à la poursuite de l’Histoire sans jamais la rattraper ; une jeune femme qui ramène à la lumière des vestiges enfouis et ne veut pas laisser la vie s’éteindre ; deux amis d’enfance qui reprennent le bar de leur village et cheminent côte à côte vers le désastre. Mais chacun d’eux répond à sa manière à la même question. En chacun d’eux se manifeste la présence ou l’absence d’un monde, avec les éléments qui en assurent la cohésion provisoire autour d’un centre de gravité trop fragile, et chacun d’eux, puisque un monde, quelles que soient son ampleur ou sa durée, doit naître, grandir et mourir comme un homme, vient porter témoignage à sa manière des origines et de la fin. Si Rome n’est que l’un des multiples noms portés par le monde, j’aimerais pouvoir penser que ce roman est exactement ce que son titre indique : un sermon sur la chute de Rome qui fait écho à ceux que prononça Augustin dans la cathédrale disparue d’Hippone pour consoler ses fidèles d’avoir survécu à la fin du monde. »

Jérôme Ferrari

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