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Père Elie démis de ses fonctions (mars 2008)

Dernière mise à jour de cette page le 21/12/2012

Par Philippe Peraut.

Le Père Elie démis de ses fonctions : le départ d’un homme de Foi au service du peuple (mars 2008)

L’aumônier de l’école Saint-Paul primaire depuis dix ans, a été démis de ses fonctions en pleine Semaine Sainte. Il quittera la Corse, sa terre d’adoption pour retrouver le Liban et le diocèse de Djbeil, d’où il est originaire. C’est, à la suite d’un différend avec les responsables de l’école Saint-Paul Primaire, avec le soutien de tous et dans une incompréhension totale, que cet homme de Foi va quitter la cité impériale.

Des centaines de personnes manifestant dans rues d’Ajaccio (pour beaucoup d’observateurs, ils étaient plus nombreux que pour la Madonnuccia). En pleine Semaine Sainte, le Père Elie Hachache, démis officiellement de ses fonctions de prêtre par l’Evêque de Corse, Mgr Jean-Luc Brunin, a reçu un soutien inconditionnel de tous, enfants, parents, corps enseignants de l’école Saint-Paul Primaire. La raison ?
« Un simple courrier adressé à la directrice de l’Ecole, précise t-il, un courrier dans lequel je demandais que, dans cette école, les préceptes véhiculés par Jésus-Christ dans l’Evangile soient justes mis en application. »

Un homme meurtridans sa chair

Visiblement, ce courrier, en date du mois de février dernier, n’a pas été du goût de la directrice de l’Etablissement qui s’en est allé, aussitôt, solliciter Mgr Jean-Luc Brunin. Il n’empêche, après tant de remous autour de cette « affaire » assez floue, en somme, que le Père Elie est profondément meurtri dans sa chair. La tête basse, cherchant ses mots, il semble groggie et sa foi ne peut, pour l’heure, rien y faire. « Elle est en sommeil, lâche t-il avec dépit. Quasiment deux mois se sont écoulés depuis ce courrier et la souffrance intérieure du prêtre est restée la même. En ville, sa côte de popularité n’a cessé de croître. Pour preuve, quand il arpente les rues de la cité impériale, il ne cesse de discuter avec les uns, de serrer des mains ou de faire des bises. Impliqué socialement depuis dix ans à Ajaccio, il n’a cessé de booster la population, petits et grands, et, par son discours, sa façon d’être présent, à l’écoute de gens, de leurs problèmes, de leurs souffrances, de construire un pont intangible vers Dieu. Résultat : quand il célèbre une messe, l’église est bondée comme lors du dernier dimanche Pascal où lors de messes de mariages célébrées en l’église du Sacré Cœur. Il n’hésite à faire appel à la musique Gospel, à la guitare (chansons d’amour) pour célébrer les mariages dans la joie et l’allégresse. Un homme atypique, aux allures d’ados constrastant avec l’image dont sont, en règle générale, affublés les prêtres. Peut-être faut-il voir dans cette façon d’être les raisons principales de son éviction. En tout cas, son visage traduit un profond désarroi. Celui d’un homme bafoué, touché au plus profond de sa chair, de son être. « J’ai connu la guerre mais il y a des mots qui peuvent faire plus de mal. »

Servir l’Eglise

Allusion à certaines rumeurs circulant en ville. Des rumeurs qui laminent, aujourd’hui encore, un homme touché dans sa dignité. Pourtant, que peut-on reprocher au Père Elie depuis son arrivée parmi nous en 1998 ? Il n’a rien fait d’autre que de servir l’Eglise. A la demande de l’évêque de Corse, et suite à l’orientation de la confédération des évêques de France, il a participé au développement des communautés catéchistes et catéchisantes. Dans la même perspective, il a œuvré pour la création de «catéchouettes» le dimanche, avec messe, catéchisme pour les familles, temps de jeu pour les enfants et repas en commun pour finir. Il a été missionné, avec une équipe laïque, pour les jeunes générations, à l’ église Saint-Roch, dans une équipe expérimentale, plaine de Peri et Cuttoli, et enfin en milieu rural, dans le Cruzzini.
«J’ai toujours essayé de répondre positivement à toutes les missions que l’Eglise m’a confié. Aujourd’hui, il y a des souffrances qui ne s’expliquent pas, avoue t-il le regard empreint d’une grande tristesse, mais je n’ai de haine envers personne.»

L’appel au calme

Depuis que tout s’est enchaîné et malgré les nombreuses sollicitations, le Père Elie n’a eu de cesse que d’appeler au calme. « Nous sommes en pleine semaine sainte, avait-il répondu, à des parents d’élèves désireux, suite à une rumeur persistante sur son éviction, de monter au créneau. Idem pour la presse locale : « Je vous en prie, il faut préserver l’image de l’Eglise et ne rien médiatiser. » L’impact médiatique a fait son œuvre, en dépit de ses appels au calme. Aujourd’hui, de nombreux parents d’élèves demandent des explications tangibles à Monseigneur Brunin et menacent de ne plus scolariser leurs enfants l’année prochaine. Pourtant, il semblerait, bel et bien, que la « loi du plus fort » l’emporte. Le Père Elie devrait, sous peu, réintégrer le diocèse de Djeibl, d’où il est originaire. « Je reviendrais ici pour voir mes amis » conclut-il. Celui qui « a fait aimer Dieu » laissera un grand vide spirituel dans la cité impériale.

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