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Phare de la Giraglia (d'Ersa)

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Dernière mise à jour de cette page le 01/08/2013

Cantons concernés : Capubiancu

Enorme rocher de serpentine verte, l'îlot de la Giraglia constitue le prolongement septentrional du Cap Corse. Situé sur la commune d'Ersa au Nord des marines de Barcaggio et de Tollare, distant d'environ 1,2 à 2 milles nautiques de la côte (soit 2 à 2,5 km), cet îlot long d'environ 800 m, large en moyenne de 50 m s'élève à plus de 60 m au dessus de la mer. Il est exposé à tous les vents, d'accès difficile, isolé par les tempêtes une bonne partie de l'année. Il marque le passage obligé pour tous les navires allant d'un rivage à l'autre de la Corse, de la mer Méditerranée à la mer Tyrrhénienne.
Le phare de La Giraglia est un feu tournant de première grandeur à éclat blanc toutes les 5 secondes portant à 30 milles nautiques soit environ 55 km.

Son histoire...
C'est la Révolution Française qui crée en 1792 le premier "Service des Phares et Balises", mais c'est Napoléon 1er qui véritablement lance le programme du balisage des côtes françaises en organisant "l'administration des Phares et Balises" au sein de la Direction des Ponts et Chaussées. Il confie au savant François Arago la responsabilité d'une "commission permanente des phares". Arago fait appel à Augustin Fresnel qui met au point le fameux système à lentilles qui portera son nom, essayé avec succès en 1821 sur la construction en cours de l'Arc de Triomphe. La Restauration, la Monarchie de Juillet, puis le Second Empire suivaient l'impulsion donnée par Napoléon 1er.
Ce n'est qu'en 1838 qu'une commission se rend en Corse, présidée par le capitaine de vaisseau Deloffre, avec mission de déterminer le nombre, l'emplacement et la nature des grands phares à construire tout autour de l'île. La commission prospecte les sites à retenir sur un petit vapeur "La Chimère".
La mise en chantier suit immédiatement et s'achève successivement par la mise en service de Pertusato, La Ravellata, Les Sanguinaires et La Chiappa entre fin 1844 et début 1845. Giraglia ne sera achevé qu'en 1848 avec trois années de retard dues à l'importance des travaux, aux difficultés rencontrées, aux mauvais temps et aux accostages périlleux. Sa construction relève de l'exploit car il fallut amener par mer de Bastia tous les matériaux et équipements, puis les débarquer dans des conditions périlleuses, enfin les monter à dos d'ânes au sommet de l'île. La construction dura 10 ans, à peine deux ans de moins que celle de la tour génoise du XVIe siècle dont la construction fut aussi un exploit.

Le phare est un ouvrage magnifique qui se présente comme une petite forteresse crénelée surmontée d'une tour circulaire de 26 m de hauteur. Le hall d'entrée du phare était orné du buste de son concepteur Léonce Raynaud l'éminent spécialiste des phares du XIXe siècle, qui l'inaugura le 1er janvier 1848. Aujourd'hui ce buste a été ramené dans les locaux de la D.D.E. à Bastia. Il faut gravir 104 marches pour accéder à la lanterne. Les locaux inférieurs permettent d'accueillir deux gardiens qui étaient appelés à passer 15 jours au phare suivis de 8 jours à terre. N'oublions pas "l'appartement de l'ingénieur", toujours gardé en état de propreté irréprochable, en prévision des visites d'inspection.
Le phare fut successivement alimenté au pétrole, puis à l'électricité produite par des groupes diesel, pour de nos jours être alimenté par des panneaux solaires. Pendant quelques années entre 1950 et 1980, une antenne émettrice d'aide à la navigation, radio-phare système gonio, fut en fonctionnement sur l'île. Depuis les satellites et autres systèmes GPS ont rendu obsolète cette installation qui fut démontée.

Deux débarcadères ont été aménagés au niveau de la mer. Le plus important se situe sur le coté Est, à l'abri des forts vents dominants des secteurs Sud-Ouest à Ouest, mais le plus souvent exposé à la houle du large. Le second débarcadère plus sommaire est sur le coté Ouest, permettant l'accès par vents soufflant des secteurs Sud-Est à Est. L'accostage est le plus souvent assez acrobatique.
Les seuls compagnons des deux gardiens se limitaient à quelques poules et leur coq ainsi qu'un âne, auquel les gardiens avaient bien irrévérencieusement donné le nom de "Monsieur l'Ingénieur". L'absence de source et de terre interdisait tout jardinage. La relève et le ravitaillement étaient assurés, temps permettant, par la vedette des phares et balises basée à Macinaggio
La visite au phare était un enchantement. On y accompagnait volontiers des amis de passage embarqués à bord d’un bateau. Parvenu sur la plate-forme au sommet de l'île, on découvrait le grandiose paysage marin des rivages de l'extrême pointe du Cap Corse. On y était toujours accueilli le plus courtoisement du monde par les gardiens, heureux de recevoir âmes qui vivent et qui faisaient signer le livre d'or. Le savoir vivre le plus élémentaire commandait d'apporter une ou deux bonnes bouteilles et quelques friandises ou vivres frais que l'on dégustait avec les gardiens. "Monsieur l'Ingénieur" se prêtait facilement au rituel de la photo souvenir, mais se montrait parfois assez facétieux. Personnellement on lui a vu dévorer en un clin d'oeil un magnifique chapeau de paille imprudemment déposé sur la rambarde par une visiteuse. 
Aujourd'hui, le phare est entièrement automatisé et télécommandé. Les gardiens, désormais absents de l'île, ont du se reconvertir en agents de maintenance. La vedette est toujours présente à Macinaggio pour assurer le transport jusqu'au phare des agents et du matériel d'entretien.
La visite n'est malheureusement plus possible.
Désormais, la porte du phare reste close et le débarquement sur l'île est même interdit. Et "Monsieur l'Ingénieur" n'est plus là pour dévorer les belles capelines de paille des élégantes visiteuses.

Source : Odyssea.
Contribution :  Pierre Bona. Cliquez sur les images ci-dessous pour les agrandir.

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