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L’Ultimu de Jean-Pierre Santini

Dernière mise à jour de cette page le 02/01/2013

Mots clés : histoire de la Corse , Jean Pierre Santini , roman

Résumé : 

"Chacun est au commencement et à la fin, premier et dernier. Chacun porte en soi, avec soi, les paroles les rêves et les actes de la communauté humaine où il a pris racine, dont il s'est nourri et qui fait obligation de résister à l'oubli quand vient le terme du temps. Le dernier (L'Ultimu) fera donc l'inventaire de sa vie en puisant au fleuve des souvenirs, à la source des êtres rencontrés et, sur ce nouveau territoire où l'espace se resserre, il s'appliquera sans contrainte, guidé par une intuition naturelle, à recomposer dans les mots, les écritures, les actes, les postures ou les mîmes, le parcours qui l'a conduit jusque là".

(Source http://www.afiordicarta.net/)

Jean-Pierre Santini se décrit comme un militant, parmi les autres, dans son village natal de Barrettali (Cap Corse). Auteur d’une vingtaine de livres et romans, il est aussi l’éditeur de la maison d’édition A Fior di carta, « ayant pour objet la publication de documents historiques et d'ouvrages littéraires, notamment de poésie ». Ses ouvrages évoquent, entre autres, les déserts humains des « hivers blancs ». Après des années de militantisme qui a commencé avec la création du FLNC il écrit « Front de Libération Nationale, de l’ombre à la lumière » recension bien utile de textes et documents bien oubliés et écho évocateur de cette période. C’est un vrai souci que de faire aboutir cette histoire du peuple corse. Il fait sien cet aphorisme ; « l’enfer c’est la privation de l’histoire ! » ! Cela peut, semble-t-il expliquer cette volonté persistante d’écriture pour conjurer l’amnésie, le refus de l’amicale politique, celui d’un nouveau folklore. Dans « Nimu » le constat est amer : « Dès lors, l’affaiblissement constant de l’affirmation identitaire était trop souvent compensé par une exacerbation nationaliste de plus en plus vide de sens ». Son dernier ouvrage, « L’Ultimu », au titre si énigmatique évoque le dernier Corse sur l'île de la Giraglia qui évoque le parcours d’un homme, d’une communauté, et d’une mémoire collective. Inventaire d’une vie avec des souvenirs, des êtres rencontrés, les archives, les recherches ... Rencontre avec cet auteur et éditeur cap-corsin aux œuvres si diverses, un auteur complexe.

Présentez-nous votre dernier roman au titre énigmatique "l'Ultimu"?

Peut-être y a-t-il plusieurs entrées dans L'Ultimu, plusieurs niveaux de lecture comme il y a évidemment, dans toute œuvre littéraire, plusieurs niveaux d'écriture. C'est pourquoi il est très difficile de commenter nos propres productions. Il n'est pas tout à fait sûr, au demeurant, que nous en soyons vraiment les auteurs. " (...) tout ce qui est réalisé est dans les écritures et, originairement, dans celles que nous avons codifiées depuis que le temps et l’espace conjugués ont ouvert la scène prodigieuse du destin. Nous laissons les humains s’ébrouer dans leur parc selon la loi mimétique qui leur donne l’illusion de faire et de raconter leur propre histoire exactement comme les personnages fictifs qu’ils imaginent et auxquels pourtant ils s’identifient (...). Ils ne savent pas qu’eux-mêmes sont des personnages dont nous sommes les auteurs. Leur consistance, leur réalité et leurs itinéraires sont le support de nos expérimentations sur le vivant des écritures (...) Nous qualifions des personnages - auteurs, écrivains, romanciers, scénaristes - pour produire des histoires dans le seul but de consolider la primauté des mots indépendamment de la pertinence des discours". Cet extrait résume un des thèmes sous-jacent de l'Ultimu. En fait, j'avais prévu de raconter une histoire qui pourrait se décliner ainsi : Le dernier Corse sur l'île de la Giraglia et /ou chaque homme à ses derniers jours et/ou le dernier homme à la fin des temps.

Qui est ce dernier Corse, perdu sur l'île de la Giraglia ?

C'est peut-être celui qui écrit, non pas l'auteur de L'Ultimu, mais chaque auteur quel qu'il soit, où qu'il soit et quel que soit le fond ou la forme de son œuvre. "L’écriture est un effort désespéré pour retenir ce qui a vocation à disparaître dans la lenteur minérale ou la fugacité du vivant. J’ai conscience qu’on recherche le temps perdu parce que c’est perdu d’avance, mais c’est aussi ce qui donne un sens à la dignité humaine. Ecrire, c’est écrire sa propre mort. C’est renvoyer aux dieux hypothétiques l’image de leur imperfection ou de leur monstruosité. Les histoires n’ont de sens que par cet effet de miroir. Les personnages innombrables qui les peuplent sont aussi virtuels dans la brièveté romanesque que les générations humaines dans l’accomplissement de leur destin.
Celui qui écrit ramasse le monde, amenuise l’espace, compacte le temps et préfigure la mémoire qui se dévide aux approches de la fin. Les jours et les nuits alternent avec la fulgurance de l’éclair. Les heures innombrables clignotent et se réduisent à l’impermanence de l’instant. Les souvenirs s’évadent qu’une armée de mots hérissés sur les pages essaie en vain de contenir. Je peux dire l’ombre et je peux dire la lumière mais je ne peux faire ni l’une ni l’autre."

Vous êtes aussi à la tête de la maison d'édition A Fior di carta, qui publie des ouvrages fortement ancrés dans le contexte insulaire ?

A la tête, c'est un bien grand mot. Je suis tout simplement un éditeur-militant avec un statut juridique d'auto-entrepreneur. J'ai publié une trentaine d'auteurs et une cinquantaine de livres que j'ai réalisés pour la plupart artisanalement rassemblant chaque page, une à une, à la main. Cela vous donne une petite idée de mon travail. Mais, pour les dernières parutions, j'ai fait appel aux compétences de Pierre-Dominique Sammarcelli. Je tiens donc à ancrer mes publications dans le contexte insulaire au niveau culturel, certes, mais aussi au niveau économique.

A travers vos ouvrages et le travail accompli par A Fior di Carta, c'est "l'identité littéraire corse" que vous tentez de mettre en avant ?

Bien sûr ! J'ai repris la célèbre expression "Canta u Populu Corsu" pour en faire "Scrive u Populu Corsu". La production musicale prend parfois le risque de la folklorisation. La littérature, constitutive des communautés spécifiques, traduit mieux la réalité du roman national dans sa vigueur mais aussi dans ses faiblesses voire dans son épilogue apocalyptique.

(Source Lisa D'Orazio JDC)

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