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Vincentello d'Istria : sa vie

Dernière mise à jour de cette page le 18/07/2013

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Vincentello d'Istria décrit par Giovanni della Grossa
A quoi ressemblait Vincentello d'Istria
Vincentello d'Istria : sa vie en quelques mots

Vincentello d’Istria est le fils de Guilfuccio d’Istria. Selon certaines sources, son père serait le neveu du Comte Arrigo della Rocca, et donc l’arrière-petit-fils de Giudice de Cinarca. Vincentello est issu d’une seigneurie située dans le Taravo.

Après la mort d’Arrigo della Rocca, la plupart des seigneurs du sud durent se résoudre à se soumettre à Gênes. Mais Vincentello n’est pas de ceux-là.  Il préfère passer en Sardaigne et abandonner sa seigneurie, plutôt que de se soumettre.

De ce fait, Vincentello devient corsaire et harcèle les Bonifaciens. Habile au combat et téméraire, il se dote d’un certain butin qui lui permet d’acquérir un brigantin, puis une véritable galère. Alors que son nom commence à être connu en Méditerranée, il se rend en Catalogne pour rencontrer le roi Martin Ier vers 1404. Ce dernier lui offre une galère solidement armée et le nomme lieutenant du roi, en Corse. Vincentello devient un vrai corsaire, et s’allie à d’autres capitaines. Il prend le commandement d’une petite flotte qui sème l’effroi en Méditerranée occidentale. Sa mission est de servir l’Aragon et d’assurer la sécurité des possessions sur le territoire. Commence peut-être à se dessiner son doux rêve : rétablir une seigneurie unique sur l’ensemble de la Corse, sous la suzeraineté d’une puissance étrangère, et chasser les Génois.

N’étant pas un capitaine officiel de l’Aragon, Vincentello attaque comme bon lui semble les navires Génois, sans craindre rompre la trêve entre les deux puissances. Ainsi est la vie de Vincentello, pleine d’aventures et de batailles.

En 1405, le roi Martin de Sicile se rend en Corse pour rencontrer les seigneurs insulaires fidèles à l’Aragon. Vincentello est sans doute présent. En 1405, il propose au roi d’ériger une citadelle au fond du golfe d’Ajaccio. L’idée est de constituer une place forte, un point d’encrage face à la Catalogne, et donc sur la façade occidentale de la Corse, capable d’accueillir 4000 hommes. Le roi est séduit par cette idée, mais la trouve trop coûteuse, et l’abandonne.

Vincentello décide de rentrer en Corse en 1407. A la tête d’une flottille, accompagné par des soldats catalans et corses, il fait tomber le château de Cinarca, la place forte principale de la terre des seigneurs. Le retour de Vincentello sur ses terres est triomphal. On pense forcément à Arrigo della Rocca. De ce fait, les principaux seigneurs locaux se joignent à lui. Tous, sauf Francesco della Rocca, le propre fils d’Arrigo della Rocca. Ce dernier refuse de se soumettre à un Istria et de trahir Gênes.

Enhardi par ses premiers succès, Vincentello passe au nord, soumet Biguglia, puis chasse le gouverneur génois de Bastia. Il est proclamé Comte de Corse, lors d’une vedula generale. Si les Comtes d’autrefois avaient compris l’intérêt et la nécessité d’exercer la justice et l’équité, Vincentello n’a pas cette subtilité d'esprit. Il se fait rapidement haïr par ses pairs. Francesco della Rocca, profite de la situation et lève les troupes, avec le concours du gouverneur de génois, au cri des « Viva popolo e la pace e li Genovesi ».

Vincentello est contraint de fuir, non sans être blessé par un tir d’arbalète lors du siège de Bastia. Il rejoint la Sicile afin de retrouver son frère Giovanni. Mais il ne tarde pas à revenir. En 1408, il pénètre dans le golfe d’Ajaccio avec trois galères et des petits bâtiments de mer. Il obtient de nouveau le concours des seigneurs en acceptant de partager les revenus de la seigneurie. Les armes royales aragonaises apparaissent alors sur sa bannière. A partir de ce moment là, sa fidélité envers l'Aragon sera sans faille. Après avoir de nouveau soumis le sud, il repasse au nord à la fois par la terre, et par la mer, et attaque Biguglia. Au cours de cette bataille, son pire ennemi, et cousin, Francesco della Rocca est tué. Mais Vincentello n’est pas assez puissant pour maintenir son autorité et est obligé de repasser les monts, vers le sud.

L’année qui suit, en 1409, Vincentello et ses soldats se rendent en Sardaigne, pour contrer la révolte sarde. De ce fait, il prouve une fois encore sa fidélité et son efficacité au roi d’Aragon. Dès lors, il ne cessera de nourrir un rêve, connu de tous : rétablir une seigneurie sur toute l’île, sous la protection de l’Aragon. La bannière aragonaise est désormais affichée sur ses châteaux. Cette stratégie est à double tranchant : elle assure au Comte de Corse une logistique de premier plan, celle de l’Aragon, mais elle enhardit également contre lui ceux qui demeurent favorables à Gênes.

Plusieurs fois, Vincentello traverse les montagnes pour attaquer le nord (en 1410 et 1414). Puis, en 1416, Gênes réagit enfin. Abramo de Campofregoso est nommé gouverneur. Avec de solides troupes, et surtout le soutien des populaires, il porte une offensive sur la Cinarca. Vincentello doit s’enfuir une nouvelle fois. Ce dernier se rend en Espagne, pour rencontrer Alphonse V, un jeune roi de 20 ans, très ambitieux pour son royaume. L’arrivée d’Alphonse V au pouvoir est déterminante pour Vincentello. En 1418, le roi nomme Vincentello vice-roi de Corse.

« Nous Alphonse, roi d’Aragon (...) désignons comme notre vice-roi dans le royaume de Corse que de nombreux rivaux de notre maison nous ont arraché par la violence, le noble chevalier Vincentello d’Istria, comte de Corse, dont nous avons apprécié les mérites, la fidélité et les aptitudes ».

Avec ce nouveau statut, Vincentello devient le maître de la Corse. Ses pouvoirs sans très étendus : il exerce la justice, lève des impôts, nomme des officiers. En juin 1418, il débarque en Corse accompagné de solides troupes et de nombreux navires. Les Génois ont d’autre part d’autres chats à fouetter, empêtrés par un conflit interne qui menace la cité elle-même. Autant dire que le contexte est très favorable pour se rendre maître de toute l’île et pour tenir la position.

C’est dans le golfe d’Ajaccio, qui décemment plaît beaucoup à Vincentello, que ce dernier débarque, accompagné par son frère. Il rétablit la situation dans la Cinarca et passe au nord, avec des nombreux soldats. Alors qu'il se trouve dans le centre de la Corse, il décide de frapper un grand coup. Plutôt que d’occuper un château, il décide de fonder une véritable citadelle, en plein cœur de la Terra del Comune. En ordonnant la création d’une citadelle à Corte, non seulement Vincentello constitue un point d’appui formidable dans le nord, mais en plus il marque les esprits. Par ce fait, il révolutionne toutes les stratégies jusque là mises en place. Alors que les travaux sont toujours en cours, il fond sur le nord de la Corse pour s’imposer en maître.

Malgré ses problèmes internes, Gênes réagit sans tarder, et charge Andria Lomellini de rétablir la situation. En septembre 1419, ce dernier débarque sur l’île avec des troupes lourdement armées et bien payées. Appuyés par les seigneurs du Cap, défavorables à Vincentello, les Génois livrent une guerre impitoyable à Vincentello, en 1419, puis 1420. Dans ce contexte, pour le moins agité et violent, Vincentello trouve un point d’appui essentiel à Corte. Lomellini tente de faire tomber la citadelle, mais connaît un échec et doit se replier. Vincentello gagne du terrain, et en 1420, met le siège devant Biguglia. Une grande bataille se profile. Gênes envoie des centaines de soldats, afin de porter secours au gouverneur Lomellini. Lors de ce siège, Giovanni della Grossa se trouve au coté de Vincentello. In fine, les soldats de Vincentello parviennent à pénétrer dans le château de Biguglia et à faire prisonnier le gouverneur génois.

En faisant tomber Biguglia, et en capturant Lomellini, Vincentello devient le maître de (presque) toute la Corse. Seules les citadelles résistent. A la fin de l’année 1420, le roi Alphonse V participe en personne au siège de Calvi, et remporte à son tour une victoire. Le roi tente ensuite de faire tomber Bonifacio, mais face à la résistances des Bonifaciens, il se retire. Ces interventions démontrent toute l'attention de porte la couronne d'Aragon aux affaires corses. Mais lorsque Alphonse V est appelé à d'autres obligations, il laisse le commandement à Vincentello, afin qu'il poursuive les opérations.

Vincentello doit se résigner. Il abandonne un temps son projet de soumettre Calvi et Bonifacio. Il établie un véritable programme d'administration princière, et gouverne la Corse comme bon lui semble. Il est maître des principaux châteaux de Corse et a pour ambition de soumettre les dernières seigneuries indépendantes. En 1426, il fait enfin tomber la seigneurie de la Rocca et fait capturer Rinuccio de Leca. Pour assoir sa domination sur l'île, il nomme des officiers qui vont administrer en son nom. Enfin le Comte et vice-roi de Corse organise à Corte un concile provincial.

Ivre de pouvoir et au paroxysme de sa gloire, Vincentello devient alors (selon Giovanni della Grossa) de plus en plus tyrannique avec ses sujets. Son comportement indigne et son manque de justice font que les mécontents se font de nouveau entendre, y compris dans son entourage le plus proche. Les seigneurs déchus complotent dès lors avec des caporaux excédés.

En 1430, le seigneur Simone da Mare attise la révolte. Vincentello n'a pas trop de mal à mater les mécontents, mais il enchaîne les mauvais choix : par orgueil, il fait emprisonner son propre frère, Giovanni, et surtout, il manque de courtoisie à la fille d'un gentilhomme de Biguglia, en la prenant de force. Plus que jamais, Vincentello est peint comme un tyran, un homme brutal, impitoyable, qui non seulement n'applique pas la justice, mais en plus fait peur à son propre entourage. La révolte gronde, et va prendre de la consistance, en 1433, lorsque Vincentello augmente de façon considérable les impôts, tout en imposant des corvées supplémentaires au peuple. Au cri de "viva popolo e fora le due tagle", les révoltés prennent Bastia et assiègent Biguglia. Les seigneuries du sud, exaspérées, profitent de cette agitation pour emboiter le pas de la révolte. La gronde est telle, que Vincentello doit se résoudre à se retrancher dans la Cinarca, avant de passer en Sardaigne, puis à Florence.

Alors qu'il se trouve en mer entre l'Italie et la Corse, le navire de Vincentello est alors pris en chasse par une galère commandée par Zaccaria Spinola. Malgré une belle résistance, Vincentello est contraint de se rendre. Fait prisonnier, il est conduit à Gênes. Les Génois le condamnent à mort. Vincentello écrit son testament, avant d'être conduit devant le bourreau. Ce dernier lui tranche la tête devant le palazzo ducale, le 27 avril 1434.

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