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VOUS ÊTES ICI : ACCUEIL EVÉNEMENTS CULTURELS ET RELIGIEUX EVÈNEMENTS RELIGIEUX MGR OLIVIER DE GERMAY (23 AVRIL 2012)

Mgr Olivier de Germay (23 avril 2012)

Dernière mise à jour de cette page le 08/04/2016

Rencontre avec Mgr Olivier de Germay, le nouvel évêque de Corse.

Interview réalisée par Philippe Peraut, le 23 avril 2012.

Après six mois d'une interminable attente, le nom du successeur de Monseigneur Jean-Luc Brunin, a été connu en février dernier. Olivier de Germay, vicaire apostolique de Toulouse, passé par la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr avant d'être happé par le Divin, est, désormais, aux commandes de l'Eglise en Corse. Le nouvel évêque du diocèse d'Ajaccio a reçu la consécration épiscopale devant 3000 personnes, le 14 avril dernier au cours d'une magnifique cérémonie.

Vous êtes le deuxième évêque, depuis 1801, à être ordonné dans l'île. Que cela représente t-il pour vous ?

C'est effectivement, comme vous le soulignez, un événement très important pour la Corse tout entière puisque c'est la deuxième fois, depuis plus de deux siècles, qu'un évêque en titre est ordonné sur la terre corse. Personnellement, ce fut un événement esceptionnel et très émouvant. J'ai été très touché par le grand nombre de personnes qui sont venues assister à la cérémonie. Certains étaient venus de toute la Corse et même du Continent. J'ai ressenti une grande une très grande ferveur.

Vous découvrez l'île et l'Eglise de Corse. Quelles sont les premières missions que vous vous fixez ?

On peut dire que je suis encore dans une phase de découverte puisque je viens tout juste d'arriver. Ceci étant, j'ai déjà pris connaissance d'un certain nombre de dossiers, commencé à rencontrer des personnes. Mon souhait, c'est, désormais, d'aller sur le terrain, à la rencontre des prêtres, des diacres et des laïcs. J'étais, à cet effet, à Bastia, le week-end dernier. Peu à peu, je pourrais me faire une idée précise des priorités. Je peux, d'ores et déjà vous dire que deux soucis majeurs m'habitent : le souci de l'unité à retrouver pour l'Eglise, en Corse, et puis le souci de l'évangélisation. C'est un grand défi auquel nous devons faire face. Retrouver le dynamisme missionnaire qui est, normalement, au coeur de toute vie chrétienne.

Comment entreprendre cette démarche d'évangélisation en Corse ?

Ce n'est pas une question de structure, de plan ni de lieu. La mission consiste à aider les gens à revenir au coeur de leur foi. Cest vrai pour tous les Chrétiens ; on a a toujours besoin de revenir au coeur de notre foi, c'est-à-dire de notre attachement au Christ. On peut être Chrétien d'une façon, je dirai, culturelle. Il faut, sans cesse, purifier cela pour revenir à une relation profonde avec le Christ. C'est à partir de là que grandira, en nous, le désir missionnaire, de faire partager ce trésor qu'est la foi en Jésus-Christ. Plus on réactualise cette foi, plus on a le désir de la transmettre.

Cette mission n'est-elle pas particulièrement délicate dans un monde où la question religieuse passe, bien souvent, au second plan face à un quotidien de plus en plus difficile ?

Le contexte actuel est, effectivement, très difficile. Mais, en même temps, nous avons une grande opportunité. On est dans une société de consommation très matérialiste et surtout très individualiste. D'un autre côté, il y a, et j'en ai fait l'expérience dans les années précédentes, une grande soif de spiritualité car beaucoup de nos contemporains se rendent comptent, aujourd'hui, que les « mirages » de la société de consommation ne comblent pas le coeur des hommes. On peut gagner beaucoup d'argent, avoir toute la technologie que l'on veut, cela ne donne pas de sens réel à une vie. Les gens, pour peu que l'on soit près à leur annoncer le Christ, à les aider à cheminer spirituellement, sont dans l'attente. Ils ont envie de découvrir la foi chrétienne, y compris ceux qui ont reçu une éducation chrétienne, ont été baptisés mais ont pris un peu de distance par rapport à la question spirituelle.

Comment pourrait-on définir la foi chrétienne ?

C'est quelque chose que l'on ne peut évoquer en quelques mots. Il faut distinguer le contenu de la foi, c'est-à-dire, ce en quoi on croit, un contenu intellectuel. Mais la foi désigne aussi et surtout notre relation au Christ. On peut comparer cela à la relation amoureuse entre un homme et une femme. C'est quelque chose qui n'est pas figé. Cela suppose un dialogue, une communication, quelque chose que l'on nourrit. Il en est de même pour la foi. On peut passer des années en ignorant Dieu et puis, à un moment donné, on ressent le besoin de se rapprocher de lui, de raviver cette relation. Elle suppose d'être nourrie. Et la nourriture qui permet de faire grandir cette relation, c'est la sacrement, et en particulier l'eucharistie.

Revenons à la Corse. Avez-vous eu connaissance des remous traversés par l'Eglise depuis quelques années ?

Je suis, bien entendu, au courant des difficultés traversées. Il y a des dossiers qui sont en passe d'être réglés, au niveau judiciaire en tout cas, et d'autres qui restent en cours. Mon souci, c'est, tout d'abord, d'avancer dans le respect des personnes, quelle qu'elles soient, et de la justice, pour que l'on puisse dépasser tous ces conflits. Il y a eu, peut-être, parfois, des éxagérations, de part et d'autres; il faut pacifier tout cela, ce qui ne veut pas dire qu'il faille fermer les yeux. C'est mon rôle, en tant qu'évêque, d'aider et de retrouver cette union. Afin que l'on puisse, ensemble, nous consacrer à notre mission qui est d'annoncer le Christ.

Vous avez pu voir, à travers, notamment la semaine sainte ou la Madunnucia, toute la ferveur populaire qui est présente dans l'île. Que cela vous inspire-t-il ?

C'est quelque chose auquel on est pas habitué quand on vient du continent. Je trouve cela très beau, je l'ai vécu en partie puisque j'étais là pour les fêtes de la Madunnuccia, en mars dernier. Je commence à découvrir ces traditions qui sont très belles et c'est une chance car la Corse est un lieu favorable pour annoncer l'évangile et approfondir sa foi.

En Corse, la nécessité d'implanter l'Eglise en milieu rural semble prédominer par rapport à la faible population. Comment comptez-vous y parvenir ?

J'ai effectivement entendu dire que l'on manquait de prêtres en milieu rural dans l'île. Mais ce n'est pas propre à la Corse. C'est vrai sur le continent et même dans d'autres pays comme l'Afrique où certaines régions, bien plus grandes que la Corse ont besoin de prêtres. Les prêtres n'arrivent pas de nulle part. Ils naissent, le plus souvent dans une famille chrétienne. Mais le problème majeur que l'on rencontre, c'est l'absence de pratique religieuse. Quand la partique chute, et l'histoire de l'Eglise le montre, les vocations et la transmission de la foi chutent également. Il est donc vital de rédécouvrir le sens de la pratique.

La Corse est restée, malgré la présence d'un administrateur apostolique, plusieurs mois sans évêque. Vous étiez très attendu. Que cela vous inspire-t-il ?

J'ai ressenti cette attente, c'est touchant et cela fait très plaisir. En même temps, cela met une certaine pression sur les épaules. On sent, en tout cas, cette grande ferveur. En Corse, les gens sont très attachés à l'Eglise, à la foi et c'est très encourageant.

La violence sévit, depuis des années, dans l'île. Quel message, l'Eglise peut-elle passer, pour contribuer à endiguer de fléau ?

Je ne peux, à moi seul endiguer ce fléau. La violence ne se réglera pas à court terme, c'est quelque chose de profond sur lequel il convient de travailler en amont. Mon but n'est pas de condamner les personnes, c'est le rôle de la justice. Mais si je dois m'adresser à ces personnes, je leur dirai que l'on est toujours victime de la violence que l'on commet. Ils s'enferment dans un engrenage et c'est un chemin qui conduit à la mort. Je rappellerai, à cet effet, cette parole de la Bible : "Tu as devant toi, la vie et la mort. Choisis donc la vie". Choisir la vie, c'est choisir le bonheur. Enlever la vie de quelqu'un, c'est faire le choix du malheur. Et ils seront, un jour, victimes de leur propre violence. Ceci étant, je pense qu'il y a un travail à effectuer au préalable. Un travail de fond pour passer d'une culture de la violence à une culture de la paix. Et ce travail commence à la maison avec l'éducation des enfants. En veillant, pour les parents, à ce que leurs enfants regardent à la télévision, aux jeux vidéos qu'ils pratiquent. Il ne faut pas s'étonner que les jeunes soient violents s'ils passent deux heures par jour à jouer à des jeux où le but est de tuer les autres. Peu à peu, cette violence entre dans leur coeur. Il est important de valoriser une culture de la vie.

Quel message souhaitez-vous passer à la population corse ?

J'ai été très touché par leur message de bienvenue. En retour, je veux leur dire que je les aime et que je vais aimer cette terre, m'attacher à elle. Je suis heureux d'être ici, à leur service.

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