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Borgu: Les armées de Louis XV dévastées (1768)

Dernière mise à jour de cette page le 31/03/2016

Cantons concernés : Aiacciu , Bastia , Borgu , Bustanicu , Calvi , Campoloro-di-Moriani , Conca d'Oru , Corti , Île-Rousse , Orezza Alisgani

Le 19 mai 1768, deux bataillons français découvrent les rives du golfe d’Ajaccio. Ce sont les prémices d’un débarquement à grande échelle. Le 21 mai, dans sa capitale, Paoli promet « de ne jamais soumettre la nation à quiconque ». L’Europe, déjà passionnée par l’île de Corse et par son audacieuse résistance devant Gênes, s’enflamme pour ce conflit. Paoli s’active. Malgré la guerre, il multiplie ses correspondances et reçoit de plus en plus d’invités de marque sur l’île. L’homme reste lucide, et ce malgré la colère. Pour le chef d’Etat corse, le traité de Versailles a quelque chose d’infâme et d’illégal, dans le sens où Gênes ne possède la Corse que « par droit de conquête ». Comment une république vaincue peut-elle céder une terre qui a échappé à son autorité ? Le 22 mai, une cunsulta extraordinaire est organisée à Corte. A ce moment là, Paoli ignore le contenu précis du traité. Il sait simplement « que les Français ont débarqué avec une artillerie formidable ». « Ces canons sont les arguments d’une mauvaise cause » écrit-il alors. Inquiet, Paoli demande simplement au peuple d’être « vigilant » et « prudent ».

Sur le terrain, le débarquement continue. La force de frappe des troupes royales française est impressionnante. Le 1er août, les soldats de la couronne de France prennent Patrimonio, puis Barbaggio. Puis, c’est au tour d’Olmetta et de Nonza de tomber entre les mains des nouveaux envahisseurs. Le 27 août, huit nouveaux bataillons débarquent à Saint-Florent sous les ordres de Chauvelin.

Les Nationaux quant à eux, font honneur à leur patrie. En septembre, la Casinca est déjà touchée par les combats. Certes, les paolistes sont chassés de certains villages, Biguglia, Poggio-d’Oletta, Furiani. Mais les Corses capturent deux compagnies françaises à Penta-di-Casinca et s’emparent de Murato. Désormais, les combattants insulaires livrent combat aux cris des « Patria è libertà » (Patrie et liberté).

Deux batailles resteront à jamais célèbres dans l’histoire de la guerre franco-corse de 1768-1769 : Borgo (bataille de Borgo) et Ponte Novo (bataille de Ponte Novo). Une victoire et une défaite pour Paoli. A Borgo, les capitaines paolistes décident de couper les conduites d’eau qui abreuvent le village dans lequel les troupes royales, commandées par le Colonel de Ludres, ont trouvé refuge. Abbatucci, accompagné par les capitaines Clemente Paoli, Charles Bonaparte, mais encore Abbatucci, Gentili, Serpentini et Gaffori, s’illustrent de fort belle manière. Pour la France, cette défaite est un affront inconcevable. Sur le champ de bataille, des centaines de soldats du roi trouvent la mort. Le colonel de Rouergue, lui-même, est tué. Cinq cents soldats sont en outre capturés par les Nationaux, dont le colonel de Ludre lui-même, contraint de rendre son épée aux assiégeants, le 9 octobre 1768. C’est l’humiliation.

Au-delà des officiers vaincus et de la honte qui s’abat sur Chauvelin, cette défaite a un retentissement considérable dans toute l’Europe. La France, qui voulait redorer son blason avec cette conquête de la Corse, subit ainsi un revers inattendu. Le 18 novembre, Voltaire écrit : « On dit que les Français ont encore été battus par les Corses le 2 du mois. Cela est d’autant plus triste que toute l’Europe est corse ! ». Il se dit, selon Mgr Torrigiani, que « le nom des Corses est désormais célèbre dans le monde entier ». Après ce désastre, Marbeuf suspend les combats. Les Français tentent de corrompre les Corses et de les retourner contre Paoli. Ils y arrivent en partie. A Borgo, deux cent cinquante Corses se battant aux cotés de la couronne de France sont capturés par les paolistes. Ces trahisons insupportent Paoli : « Les français essaient de corrompre avec de l’argent qu’ils distribuent à pleines mains. Ils promettent tout » écrit-il.

C’est vaincu et humilié que Chauvelin quitte l’île à la fin de l’année 1768. Quelques mois plus tard, c’est le comte de Vaux qui débarque à Saint-Florent avec une force de frappe incomparable. Cette fois, le royaume emploie les très grands moyens pour venir à bout de Paoli et de son audacieuse résistance. Le 4 avril 1769, quarante-quatre bataillons d’infanterie sont débarqués, accompagnés de quatre régiments de cavalerie. Au total, plus de 22.000 hommes, des fantassins, des grenadiers, des cavaliers. L’armée est gigantesque. Le 16 avril, lors d’une nouvelle cunsulta à Sant’Antonio de Casabianca, Paoli mobilise ses troupes. Des levées en masse sont réalisées partout où cela est possible. Dans l’armée de Paoli, on se bat de seize à soixante ans. Le 5 mai 1769, Paoli en personne échappe de peu aux Français alors qu’il se trouve avec son frère Clemente, à Murato. Les combats sont de plus en plus violents.

Suite - Le désastre de Ponte Novu (1769)

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1 commentaire(s)

Borgu

un peuple qui a combattu pour un seul mot LIBERTE

cintio, le 30/01/2013