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Histoire de Belvédère-Campomoro

Dernière mise à jour de cette page le 05/11/2016

Cantons concernés : Sartè

Histoire de Belvédère-Campomoro (source : site officiel de la municipalité de Belvédère-Campomoro)

Le néolithique et le début du pastoralisme.
L’occupation humaine  du territoire de la commune est attestée au néolithique récent, il y a plus de 5000 ans. Le site de Capu di Locu (Capo di Luogo), vaste plateau au dessus de Belvidè (Belvedere),  est un ensemble de monuments mégalithiques et de constructions qui abritaient une  population vivant essentiellement d’élevage. 
 
L’époque romaine et le repli à l’intérieur des terres.  

L’époque romaine n’a pas laissé de traces visibles dans le paysage mais on sait, d’après les historiens et géographes de l’antiquité, que des petites colonies romaines se sont implantées sur cette zone. La baie de Campumoru (anciennement Porto Elice ou Porto Erice), bien abritée des vents d’ouest-sud-ouest, était utilisée par les galères romaines.  Après la chute de l’empire romain (Vème siècle), à la suite des grandes invasions puis des incursions sarrasines, les populations ont déserté le littoral pour se réfugier à l’intérieur des terres.
 
L’administration pisane.

Ce n’est qu’au XIIème siècle, avec l’administration pisane et la réorganisation de l’Eglise en Pievi et diocèses, que la région se repeuplera. Belvidè (appelé puzzacciuà l’origine) et Campumoru font partie de la pieve de Sartè (Sartène). La création de la pieve voisine de Bisughjè (Bisogene),aujourd’hui communedeGrossa, témoigne de lareprise de la vie économique, agricole et surtout pastorale, sur ce territoire. L’église « pievane » de San Giovanni Battista, sur la commune de Grossa,est un bel exemple de l’art roman et mériterait d’être restaurée.
 
La tour de Campumoru, vestige de la domination génoise et symbole de la résistance contre les barbaresques.

Au début du XVIème siècle, alors que la Corse est sous domination génoise, une nouvelle période de troubles va entraîner le phénomène récurrent de désertification des zones littorales et le repli des populations vers l’intérieur des terres, principalement à Sartè protégée par ses remparts. Les raids sanglants  des pirates barbaresques ont semé la terreur en Méditerranée et particulièrement dans la région. C’est à cette époque que Porto Elice ou Erice , peut-être le « port des lis des sables » (se non è vero è bello !) ou celui des bruyères, devient Campumoru, le camp maure, un abri sûr d’où partaient les incursions dévastatrices.  I Turchi (turcs), i Barbareschi (barbaresques) des XVIème et XVIIème siècles ottomans  sont confondus dans la mémoire populaire avec I Mori (maures) et i Sarracini (sarrasins) du Moyen-âge. L’extension de la malaria à la même période va contribuer également à l’abandon des piaghji  (terres littorales).
Pour faire face à l’insécurité due aux razzias turques la République de Gênes mettra en place une politique de difesa torregiana, c'est-à-dire de construction, aux points stratégiques des côtes corses, d’ouvrages militaires de défense. Plusieurs dizaines de ces « tours génoises » résistent encore aux assauts de la mer et du temps pour  rappeler notre histoire tragique. Celle de Campumoru  (1586) est la plus imposante et la mieux conservée (restaurée) de Corse avec un diamètre de 16 m 50 à la base, une hauteur de 13 m et des remparts extérieurs. Cette politique a permis de sécuriser la région favorisant son repeuplement.  La tour jouera par la suite un rôle commercial de contrôle du trafic maritime. 

Retour au calme et à l’agriculture sous la domination des « sgiò ».

Dès la fin du VIème siècle l’activité reprendra peu à peu sur les terres abandonnées. Les grandes familles de notables sartenais, i sgiò, héritiers pour la plupart des signori de l’époque médiévale, s’approprièrent  les meilleures terres au sud de Belvidè  tandis que le territoire de Campumoru (plus de 2000 ha) deviendra, probablement par achats successifs, propriété exclusive d’une seule famille, les DURAZZO FOZZANI, originaire de Fuzà (Fozzano) dans la pieve de Vighjanu (Veggiani)Campumoru dépendra d’ailleurs de la communauté de Fuzà jusqu’au milieu du XIXème siècle. Leurs descendants possèdent encore aujourd’hui  une grande partie du foncier de la commune.
Le fait que ces familles de sgiò vivaient « del suo », c'est-à-dire du revenu de leurs biens fonciers, ils avaient besoin de bras, bergers ou laboureurs,  pour travailler leurs terres. Ceux-ci, venus des campagnes et montagnes environnantes,  contribuèrent à accroître la population au cours des VIIème et XVIIIème siècle.  Beaucoup étaient originaires du Talavu (Haut-Taravo, canton de Zicavu) comme un certain  Lorenzo qui serait à l’origine de la création de Belvidè vers 1670, peut-être sur les ruines d’un village médiéval, en devenant propriétaire foncier.  La plupart des talavesi demeurent au service des sgiò de Sartè ou de Campumoru vivant dans des caseddi (maisonnettes ou bergeries) dispersées sur tout le territoire.  

L’élevage, principale ressource du XVIIIème siècle.   

                                                                                
D’après le Plan Terrier de la Corse (fin du XVIIIème siècle) élaboré par la nouvelle administration française, l’élevage, essentiellement ovin et caprin, constituait l’activité économique principale comme en témoigne le nombre impressionnant de pasciali  (bergeries) disséminés sur le territoire de la commune. La culture des céréales (blé et orge)  représentait  un apport important pour les propriétaires et une culture d’appoint ou de subsistance pour les bergers. De nombreuses aires de battage (arghji) sont encore présentes dans le maquis comme dans la toponymie.  La marine de Campumoru, considérée comme un mouillage sûr, jouait un rôle économique non négligeable.  Le XIXème siècle verra l’activité économique augmenter sensiblement avec pour conséquences un accroissement démographique et la multiplication des constructions.
Ces « boum » démographique du littoral a amené l’administration à créer de nouvelles communes de « plaine ». C’est ainsi qu’une loi du 20 avril 1854 rattache le domaine de Campumoru  (jusqu’alors enclave de Fuzà) et l’enclave de Purtiddolu (Portigliolo), à la commune de Belvidè pour constituer l’entité actuelle. La population avoisinait alors les 500 habitants.

Migrations économiques et démographiques.

Comme dans toute la Corse, la guerre de 1914-1918 a précipité le déclin des activités économiques traditionnelles, l’abandon des terres et la baisse démographique.  L’élevage traditionnel résistera quelques années  pour disparaître totalement dans les années 1980. Un pseudo-élevage bovin inadapté mais subventionné l’a remplacé pour quelque temps mais a eu pour conséquence la prolifération d’animaux retournés à l’état sauvage. Seule la pêche, notamment la pêche à la langouste,  s’est maintenue dans la première moitié du XXème siècle : il y avait 11 pêcheurs à Campumoru en 1939, il n’en reste qu’un aujourd’hui !

Vers un tourisme raisonné.

L’inexorable diminution de l’activité économique et le dépeuplement se sont poursuivis jusqu’aux années 1960 (62 habitants en 1962 !). Ce creux démographique a correspondu à l’essor du tourisme, donnant un regain de vitalité à la région, en particulier aux hameaux littoraux de Campumoru et Purtiddolu qui se sont considérablement développés. Il reste à souhaiter que ce développement se fasse dans le respect de l’environnement, ce qui est le vœux de l’actuelle municipalité et l’objectif principal du Plan Local d’Urbanisme en cours d’élaboration.

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