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Cathédrale Saint-Erasme de Cervione

Dernière mise à jour de cette page le 10/11/2016

La cathédrale Saint-Erasme de Cervione (source : site officiel de la municipalité de Cervione)
Cette cathédrale que l'on peut visiter aujourd'hui est une des plus imposantes églises de Corse, par l'importance de son architecture baroque. Elle date de la première moitié du XVIIIe siècle. La date de 1714, gravée sur le mur nord est celle du début des travaux. Sa construction a été très longue, puisqu'elle continuera trente ans après le début des travaux, pour s'achever vers l'année 1745.
Elle appartient à l'esthétique baroque, qui avait atteint la perfection en Italie au XVIIe siècle et conquis le nord de l'Europe au début du XVIIIe siècle. Sa façade à trois étages rappelle celle de l'église des jésuites de Cambrai, commencée trente-cinq ans auparavant. On y retrouve les mêmes pilastres dédoublés pour atténuer la lourdeur de l'ensemble, les mêmes volutes, pour assurer la transition d'un étage à l'autre, les mêmes flammes aériennes et la même croix rayonnante. Mais contrairement à celle de Cambrai, sa façade est beaucoup plus dépouillée, plus sobre, sans sculptures et aux motifs allégés. Son plan est conforme à celui de l'église de Gesù à Rome, archétype du barocco : une nef unique couverte en berceau, bordée de chapelles latérales assez peu profondes comme le veut le goût de l'époque, une croisée de transept, dominée d'une des rares coupoles de l'île, aux pendentifs montrant les quatre évangélistes, peints à fresque, et surmontée d'un lanternon qui éclaire l'intérieur de l'église. Extérieurement, les proportions de la coupole et du lanternon se marient admirablement avec celles du clocher.
La première des chapelles latérales que l'on trouve à gauche, est dédiée à Saint Alexandre Sauli. Un tableau encadré de deux colonnes torses, montre le saint agenouillé devant la croix.
Sur les murs, de chaque côté de la grande porte, deux fresques : l'une représentant l'arrivée de Saint Alexandre Sauli à Cervione, l'autre les felouques barbaresques détruites par la tempête, au large de Prunete.
Entre la chapelle de Saint Alexandre, et celle de Saint Joseph se trouve le baptistère qui est un don de Mr Toussaint Caneri, né le 3 décembre 1855 au hameau de Canali sur la commune de Cervione, député de la Nation française au Caire.
La chapelle suivante est celle dédiée à Saint Joseph. Un cartouche situé dans le centre du fronton de l'autel dit : ite ad Joseph .. Le tableau qui s'y trouve, et dans lequel Joseph y est figuré dans la partie supérieure droite, illustre la remise du rosaire par la Vierge et l'Enfant à Sainte Catherine de Sienne, à gauche, et Sainte Claire d'Assise à droite. Tableau qui a été probablement apposé dans cette chapelle beaucoup plus tardivement.
La chapelle qui fait face à celle de Saint Joseph, dans le même style décoratif, montre un tableau dans lequel figurent l'Enfant, Marie, le Baptiste enfant et Sainte Elisabeth. En arrière apparaît le saint évêque Blaise, en Arménie, Joseph et Zacharie.
La dernière chapelle est dédiée à Sainte Lucie, pour rappeler l'ancienne église Sainte Lucie, qui appartenait à la confrérie du même nom et qui était située en face de la cathédrale. Il reste une statue en bois et un tableau la représentant avec, sur la poitrine, la Croix, insigne de la confrérie. Le tableau d'autel rapporté ultérieurement montre la remise du scapulaire par Marie à un saint agenouillé.
Le croisillon nord du transept abrite l'autel de la remise du rosaire par Marie à l'Enfant, à St Dominique et Ste Rose de Lima, et autour du tableau les quinze mystères du Rosaire. Les superstructures de l'autel sont peintes dans le mur.
En face de cet autel, un tableau montrant l'archange Saint Michel terrassant le démon. Ce saint avait une grande importance auprès de la population insulaire, et il est représenté dans de nombreuses églises de Corse. Ce tableau serait la copie de celui exécuté par Guido Remi, au XVIIe siècle, pour l'église des capucins à Rome.
L'autel majeur est surmonté d'une toile figurant le pape Saint Grégoire le Grand, et un personnage agenouillé adorant la vierge. La représentation de Grégoire le Grand n'étonne pas. La correspondance de ce pape, élu en 1590, montre qu'il avait beaucoup de sollicitude envers la Corse.
Dans le chœur, les stalles des chanoines aux colonnes torsadées datent de 1750, donc du règne de Louis XV. Sur la droite, le trône des évêques d'Aleria. Sur la gauche celui de Saint Alexandre Sauli, avec les armoiries du Saint.
L'orgue était initialement au couvent Saint François de Campulori sur la commune de Cervione, transféré à la cathédrale entre 1797 et 1861. Saura t'on jamais s'il fut construit en Corse ou bien « importé » d'Italie par des franciscains.
Dans l'instrument lui même, pas de date, pas de signature, Barthélemy Formentelli qui l'a restauré pense toutefois l'attribuer à un Facteur de l'Italie méridionale travaillant vers 1740/1750, car sa composition n'offrait pas à l'origine de « Voce Umana » et ce jeu n'apparaît, dans la facture du sud que vers 1750.
En 1971, si 70% des tuyaux étaient là c'est bien une restauration complète qui fut nécessaire. Bathélemy Formentelli dut « réinventer » tout ce qui manquait : le clavier est en noyé plaqué de buis pour les naturelles et d'ébène pour les feintes, avec frontons décorés ; si l'abrégé en fer, traditionnel, s'imposait, tout comme celui du tirage des jeux, il opta pour des registres, à la console, de section ronde, en bois avec boutons en buis tourné, comme à la Porta.
Pour la soufflerie, deux soufflets cunéiformes sont actionnés par un lève-soufflet électromécanique de son invention. Il dota l'instrument d'un Usignolo (Rossignol) et d'une Cornemuse (dite aussi « Viella » ou « Piva ») ; il s'agit d'un ensemble de quelques petits tuyaux barbotant dans une cuve emplie d'eau, et qui veulent imiter un gazouillis d'oiseaux. La Cornemuse est un unique tuyau d'anche plutôt grave, qui est actionné par la 9eme et dernière touche du pédalier ; on l'utilise pour de longues tenues de « Bourdon », notamment dans les Pastorales.
En juin 1994, l'orgue de Cervione vient prendre place au nombre des plus beaux instruments corses du XVIIIe siècle à côté de celui de la Porta, de Munticellu, de l'Annondiade de Corti, et Saint Jean-Baptiste de Calvi.
A la sacristie, le grand meuble du couvent, surmonté des armoiries franciscaines, entièrement fait à la main, et le meuble des chanoines aux douze casiers.
Dans la salle du catéchisme a été remisée une très belle Descente de Croix. On y voit Saint Jean l'évangéliste au pied de la croix, et Marie évanouie secourue par de saintes femmes.
Les autres statues en bois de la cathédrale, avec celle de Sainte Lucie, sont : Saint Erasme, Saint Antoine qui provient du couvent, Notre Dame de Miséricorde, Notre Dame du Rosaire (celle-ci en bois polychrome). Saint Antoine de Padoue est le plus célèbre des saints franciscains, pour lequel tous les villages de Corse possédaient, naguère, une confrérie. Il est invoqué par les bergers, dont il est le saint patron. Protecteur des troupeaux, il est aussi celui des enfants. Autrefois en Corse, on revêtait les enfants malades, de son habit : la robe marron et le cordon blanc.
Lorsque les murs de la cathédrale furent terminés, les habitants, de Cervione ne purent subvenir aux frais de la décoration. Les peintures et les ors, de fort belle facture, furent exécutés plus tard, comme l'indique la signature de Franco Giavarini en 1828.
En 1853, on refait le pavage avec des carreaux de marbres, bleus et blancs provenant des carrières de Brando, dans le Cap Corse. En 1958, on dut reconstruire la coupole les dépenses furent couvertes par une souscription à laquelle participa l'Impératrice Eugénie. Sa dernière transformation date de 1896, qui a consisté à remplacer la balustrade en bois du chœur par une balustrade en marbre, en même temps que les marches de l'autel.
Au début du XIXe siècle, Prosper Mérimée n'accorda pas beaucoup d'intérêt aux églises des XVIIe et XVIIIe siècles. Il critique leur décoration intérieure due, disait-il, à des barbouilleurs italiens. Toutefois, parmi les rares d'entre elles, qui trouvèrent grâce à ses yeux, il cita celle de Cervioni. Il manifesta le même mépris pour les campanili (clochers) de cette époque : « élégants vus de loin, il ne peuvent supporter l'examen lorsqu'on les approche. » Pourtant parmi les exceptions qu'il retint, celui de Cervioni fut cité comme faisant partie des plus remarquables.

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